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en la lisant. Je voudrois bien embrasser le joli petit marquis de Coligny.

Ma fille vous fait à tous deux mille sincères amitiés elle est toujours flattée et reconnoissante de l’estime et de l’amitié que vous avez pour elle. Je comprends bien que si vous étiez jeune, elle auroit la première place dans votre cœur.

Il faut que je revienne encore à vous, pour vous dire la joie que j’ai de l’estime que je vous vois pour le second tome d’Abbadie[1]. Vous savez de quelle manière je vous en ai parlé c’est ’le plus divin de tous les livres. Cette estime est générale, et le premier qui m’en a parlé avec transport, c’est notre cher ami. Ce livre est digne de vous et de ma chère nièce. Je ne crois pas qu’on ait jamais parlé de la religion comme cet homme-là.

DE CORBINELLI.

IL est certain, Monsieur, personne n’en a jamais parlé comme lui il semble que le Saint-Esprit lui ait dicté ses pensées et ses preuves, pour donner de la confusion aux faux docteurs. Pour moi, je me nourris de morale, dont je me suis armé contre la mort de ma nièce; la pitié a toujours été ma passion dominante, et je puis dire la seule. On dit que c’est une épine qu’on’ m’a ôtée du pied, qui me fait encore mal. Les obstacles ne me seront plus un obstacle pour aller en Bourgogne vous y voir; je le desire passionnément, sans oublier que Mme de Coligny y aura sa part.

  1. 8. Ici et partout dans la suite Bussy a écrit « Labadie. » C’est aussi l’orthographe de l’édition de 1697.