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plus marié que lui), mais il me le fera bien mépriser, et il m’en persuadera le détachement par l’esprit. Jusques ici je n’ai point été touché de tous les autres livres qui parlent de Dieu, et j’en vois bien aujourd’hui la raison: c’est que la source m’en paroissoit douteuse; mais la voyant claire et nette dans le livre d’Abbadie, il me fait valoir tout ce que je n’estimois pas. Encore une fois, ma chère cousine, c’est un livre admirable il me peint tout ce qu’il me dit, et en un mot il force ma raison à ne pas douter de ce qui lui paroissoit incroyable. Mme de Coligny dit qu’elle gagera qu’Abbadie ne mourra point huguenot[1], ne pouvant pas s’imaginer que Jésus-Christ laisse périr un homme qui l’a si bien prouvé; et moi, qui ne réponds de rien, je dis que si Abbadie meurt dans sa religion, cela me feroit croire qu’on se peut sauver dans les deux, et cela par la même raison de ma fille. A CORBINELLI.19

Que faites-vous, Monsieur ? que lisez-vous, qu’écrivez-vous ? Pour moi, j’amasse mes matériaux pour l’histoire de mon héros[2] vous montrerai ce que j’aurai fait sur cela quand nous nous verrons.

    Simon, tomes II, p. 8; V, p. 120 et suivantes; XI, p. 154 et 155. Mme de Caylus (tome LXVI, p. 441) dit de du Charmel : « C’étoit un gentilhomme lorrain, connu à la cour par le gros jeu qu’il jouoit. Il étoit riche et heureux ainsi il faisoit beaucoup de dépense, et étoit à la mode à la cour; mais il la quitta brusquement, et se retira à l’Institution (de l’Oratoire, sur une vision qu’il crut avoir eue. »

  1. 3. Abbadie, loin de rentrer dans le sein de l’Église catholique, publia en 1718 un autre ouvrage intitulé la Vérité de la religion chrétienne réformée. (Noté de l’édition de 1818.)
  2. 4. Le Roi. Voyez tomes VII, p. 131 ; VI, p. 484 ; V, p. 72, note 5; p. 419, note 6 ; et particulièrement le Mémoire de Bussy au Roi, transcrit dans sa lettre du 19 novembre 1690.