Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/207

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plongée dans un horrible et profond silence : son fils [1] et Aliot arrivèrent deux heures après qu’elle fut morte.

Adieu, mon aimable enfant : nous ne saurions nous consoler de vous, chacun disant :

Rien ne peut réparer les biens que j’ai perdus 16.[2] La princesse est fort belle mais nous voulons l'autre qui est présentement dans le coton des boues de la Rochepot. [3]

  1. 15. Jean-Antoirie, président à mortier depuis mars 1688, premier président en 1712, reçu à l’Académie en 1710, mort le a3 août 1723, à l’âge de soixante et un ans. Saint-Simon, qui en parle longuement (tome X, p. 53 et suivantes), fait de lui le portrait suivant « C’étoit un grand et gros homme, de figure colossale, trop marqué de petite vérole, mais dont toute la figure, jusqu’au visage, avoit beaucoup de grâces comme ses manières, et avec l’âge quelque chose de majestueux. Toute- son étude fut celle du grand monde, à qui il plut, et fut mêlé dans les meilleures compagnies de la cour et dans les plus gaillardes. Beaucoup d’esprit, grande présence d’esprit, élocution facile, naturelle, agréable; pénétration, reparties promptes et justes; hardiesse jusqu’à l’effronterie; ni âme, ni honneur, ni pudeur; petit-maître en mœurs, en religion, en pratique habile à donner le change, à tromper, à s’en moquer à tendre des pièges, à se jouer de paroles et d’amis, ou à leur être fidèle, selon qu’il convenoit à ses intérêts; d’ailleurs d’excellente compagnie, charmant convive, un goût exquis en meubles, en bijoux, en fêtes, en festins, et en tout ce qu’aime le monde grand brocanteur et panier percé sans s’embarrasser jamais de ses profusions, avec les mains toujours ouvertes, mais pour le gros, et l’imagination fertile à s’en procurer; poli, affable, accueillant avec distinction, et suprêmement glorieux, quoique avec un air de respect pour la véritable seigneurie, et les plus bas ménagements pour les ministres et pour tout ce qui tenoit à la cour. »
  2. Vers déjà cité trois fois. Voyez tome VI, p. 445, note 35.
  3. 17. Le portrait de Mlle d’Alerac. (Note de l’édition de 1818.) Voyez tome VII, p. 439 et 456. Mais ne serait-ce pas plutôt un des portraits de Mme de Grignan, moins aimable que celui de Mignard (tome IV, p.115), un portrait à grand air de reine de Provence, que Mme de Sévigné désignait ainsi.