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On n’a point tiré. Les tranchées sont si bien faites et si sûres, qu’il y a toute sorte d’apparence que tout ira selon nos désirs. Mon Dieu, que vous dites vrai : voici un étrange mois d’octobre : je n’en ai jamais passé un tel ; [1] un levraut ou un perdreau, toujours par quelque accident mais nous ne vivons pas dans celui-ci ; j’ai mes peines, j’ai les vôtres encore[2] bien vivement. Je connois votre esprit et votre imagination impitoyable ; ma fille, il n’est pas possible de résister à une si longue souffrance.

On espère que le prince d’Orange a pris[3] a pris de fausses messures et que le Roi d'Angleterre le recevra et le battra fort bien. IL a parlé à ses milords, donné liberté aux plus affectionnés, et renouvelé l'attachement des plus fidèles ; a déclaré une parfaite liberté de conscience, et fait commander à M. le comte de Roye sa cavalerie [4] d’Angleterre. Cela ne se trouve pas véritable. » Voyez sur le comte de Roye, tome IV, p. 55, note 12. - et comme c’est un bon calviniste, cela contente ses sujets ; enfin, mon enfant, que vous dirai-je ? Vous ne m’écoutez

  1. 2. notre marquis n’avoit de chagrin dans les autres que d’avoir manqué (Edition de 1754)
  2. 3. Le mot encore manque dans le texte de 1754-
  3. « Aura pris. » (Édition de 1737.) Le bruit courait que le prince d’Orange devait s’embarquer le 5 ou le 6 d’octobre. Il ne s’embarqua que le 30 ; le vent étant devenu contraire, il fut obligé de relâcher avec toute la flotte, et remit à la -voile dans la nuit du 11 au 12 novembre. Voyez la Gazette du 9 octobre, et celles des 6 et 20 novembre.
  4. 5. On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du 10 novembre 1688 « : On a su d’Angleterre que le Roi avoit offert au comte de Roye le commandement de son armée : il s’en est excusé sur ce que, ne sachant pas l’anglois, il n’étoit pas propre à donner des ordres à cette nation-là. » Et précédemment, à la date du 12 octobre « On avoit dit que le comte de Roye commanderoit la cavalerie du roi