Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/218

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tant de ne point abuser ni incommoder : il me semble qu’on est bien aise de m’y voir. Nous parlons sans cesse de vous, de votre fils, de vos affaires. Je vais chez Mmes de la Fayette et de Lavardin : tout cela me parle encore de vous et vous aime, et vous estime ; un autre jour chez Mme de Mouci, hier chez la marquise d’Uxelles. Il n’y a personne à Paris ; on revient le soir, on se couche, on se lève : ainsi la vie se passe vite, parce que le temps passe de même. Mlle de Méri se trouve bien de nous, et nous d’elle. Nous avons l’abbé Bigorre : c’est le plus commode et le plus aimable de tous les hôtes. Corbinelli est en Normandie avec le lieutenant civil[1] jusqu’à la Saint-Martin [2] Vous ai-je dit que nous allâmes nous promener l’autre jour au bois de Vincennes, le chevalier et moi ? Nous causâmes fort, je me promenai longtemps ; mais tout cela tristement, ma très-chère enfant, et je n’ai pas besoin [3] de vous dire pourquoi..

Du même jour.

Ma lettre est cachetée et je reçois, ma chère enfant, la vôtre du bateau au delà de Mâcon[4]. Tout ce que vous dites de votre amitié est un charme pour moi : si je ne sentois bien de quelle manière je vous aime, je serois honteuse, et quasi persuadée que vous en savez plus que moi sur ce chapitre. Vous pouvez vous assurer que je ne quitterai Paris ni pendant le siège de Philisbourg ni pendant que le chevalier sera ici je me trouve fort

  1. 12. Le Camus.
  2. 13. Le 11 novembre.
  3. 14. « Mais tout cela tristement, je n’ai pas besoin, etc. » {Édition de 1754.)
  4. 15. Les premiers mots de cette phrase manquent dans l’édition de 1737, qui donne simplement « Je reçois, ma chère enfant, votre lettre du bateau au delà de Mâcon. » L’édition de 1754 n’a pas « ma chère enfant,  »