Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/225

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comme le vôtre; ne vous réglez donc pas sur vous, et écrivez-lui joliment après la prise de Philisbourg sans aucune apparence de n’être pas contente de lui, car je le suis, et je dois l’être. Nous sommes toujours dans une grande amitié, le chevalier et moi ; ne soyez point jalouse, ma chère enfant : nous nous aimons en vous, et pour vous, et par vous. Je ne sais ce que vous voulez dire de votre humeur : vous n’en avez plus qui ne nous fasse plaisir, et nous ne pouvons finir sur le vrai et solide mérite que Dieu vous a donné : c’est un grand chapitre pour nos conversations [1]. Il croit toujours aller à Fontainebleau mais il n’est pas encore trop bien assuré sur ses jambes ; il a pris une médecine dont il est content ; je prends des bouillons de veau qui commencent à m’ennuyer : je suis dans une très-parfaite santé ; Dieu conserve la vôtre, ma chère bonne. Quoi que vous en disiez, je ne vous croirai que quand vous serez hors de toute inquiétude. Je pense que vous avez trouvé ce pauvre cardinal de Bouillon bien triste, malgré sa belle solitude[2]; il doit avoir été fort aise de vous voir ; je lui

  1. 13. Tout ce qui suit, jusqu’à la fin de l’alinéa, manque dans l’impression de 1737.
  2. 14« Cette solitude était le château de Parai-le-Monial, sur la petite rivière de Bourbance, à deux lieues de Charolles. Mme de Grignan s’était sans doute détournée de sa route, pour y aller rendre une visite au cardinal de Bouillon. La disgrâce de ce prélat, dont on a vu les causes (tome VII, p. 444, note 1), bien loin de se terminer, n’avait fait que s’aggraver. Chanoine et grand prévôt de la cathédrale de Liège, le cardinal avait concouru en cette qualité à l’élection de l’évèque de cette ville. L’intention du Roi était que le cardinal de Furstenberg réunît cette dignité à celle d’archevêque électeur de Cologne ; cette tentative n’avait pas réussi, et ceux qui tenaient le parti de la France avaient offert de nommer le cardinal de Bouillon ; mais, dit Mme de la Fayette, Sa Majesté étoit trop malcontente de lui et de toute sa famille, pour en souffrir l’élection. » Le cardinal de Bouillon eut ordre du Roi de donner sa voix au cardinal de