Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/241

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proposois sans chagrin d’aller à la Garde pour éviter cette respiration de pierre de taille en l’air, qui fait mourir tout le monde à Maintenon[1] Je suis persuadée que vous êtes aimée dans votre famille eh, bon Dieu !comment pourroient-ils ne vous pas aimer, quand ils feront réflexion à ce que vous êtes pour leur maison, à la manière dont vous vous y êtes transmise, et livrée, et abîmée, et à tout ce que vous y avez fait de considérable ? j’en prends à témoin M. de la Garde. Joignez à cela qu’ils sont fort honnêtes gens, et que si l’on a quelquefois des humeurs et des chagrins, il faut que le moment d’après ils avouent que, par votre conduite et vos actions, vous avez acquis un droit sur tout ce nom. Je vois que le bâtiment du Coadjuteur ira bien, il a du courage mais celui du Carcassonne vous tourmentera tout l’été : c’est une chose cruelle. Voici un abord un peu violent, c’est un bonjour et des compliments sur [2] ; il faut que cela passe. C’est un bonheur au moins de ne point voir de visages nouveaux.

L’abbé Bigorre est vraiment le meilleur ami et le plus aimable hôte qu’on puisse souhaiter ; le chevalier s’en accommode fort bien. Mlle de Méri trouve ici de la société ; mais sa chambre [3] nous fait mourir. Que faites-vous de Pauline ? pourquoi ne la mèneriez-vous pas avec vous? Je l’ai dépeinte à Mme de la Fayette elle ne croit pas que vous puissiez ne vous y point attacher elle vous conseille d’observer la pente de son esprit, et de la conduire selon vos lumières elle approuve extrêmement que vous causiez souvent avec elle, qu’elle travaille, qu’elle

  1. 5. Voyez la lettre du 3 décembre 1684 tome VII, p. 32Q, note 1, et ci-dessus, p. 140.
  2. 6. Voyez ci-dessus, p. 230, note 3.
  3. 7. Mlle de Méri étoit venue occuper la chambre de Mme de Grignan. (Note de Perrin.) Voyez plus haut, p. 204.