Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/245

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fils de bien faire sa cour, et d’avoir été à la première occasion où Monseigneur a commencé le personnage de conquérant : vous voyez mieux que moi tous les agréments de cette date. II faut espérer que Monsieur le chevalier sera en état d’aller à la cour ; c’est un de vos malheurs que le dérangement de sa santé. Cette souris de douleur qui lui court à une main, puis à l’autre, est aujourd’hui sur le genou et l’a empêché d’aller dîner chez Dangeau, comme il le croyoit hier : cela est pitoyable mais comme il n’y a rien de violent, s’il peut enfin aller à Versailles[1] , c’est de lui, ma très-chère, que vous recevrez les bons et véritables services, soutenu de la présence du marquis, qui est un petit homme considérable, et qui a fait son devoir aussi bien que pas un dans cette campagne. Il est froid, il est hardi, il est appliqué; il s’amusa l’autre jour à pointer deux pièces de canon, comme s’il eût tiré au blanc à Livry.

A propos de Livry, pour vous faire voir qu’on est blessé partout, M. de Méli[2] tira il y a quelques jours, comme il a accoutumé, dans notre forêt ; son fusil lui creva dans la main, et la lui maltraita si terriblement qu’il a fallu[3] ; il est ici près chez Mme Sanguin[4] J’ai cru qu’en faveur de Livry il falloit vous conter cette histoire. Celle du P. Gaillard est plus agréable : il prêchoit le jour de la Toussaint ; M. de Louvois vint apprendre que Philisbourg étoit pris ; le Roi fit signe, le P. Gaillard se tut; et après avoir dit tout haut la nouvelle, le Roi





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  1. 2. La cour, nous l’avons dit, revint à Versailles le 12 novembre.
  2. 3. Voyez la lettre du 8 novembre suivant, p. 251.
  3. 4. « Et la lui maltraita de manière qu’il a fallu, etc. » (Édition de 1754.) lui couper le bras fort près du coude, tout comme à Jarzé
  4. 5. Voyez tome IV, p. 407, note 6, et plus bas, la lettre du 24 janvier suivant.