Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/249

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en dire des nouvelles. Je m’effraye moi-même en vous écrivant ceci, et je suis assurée qu’aimant cette Comtesse comme vous l’aimez (car vous savez bien que vous l’aimez), vous serez touché de son état. Il est vrai que Dieu la console de ses peines, par le bonheur de savoir présentement son fils en bonne santé. Elle sera six jours plus longtemps en peine que nous et vojfà les peines de l’éloignement. :

Voilà donc cette bonne place prise. Monseigneur y a fait des merveilles de fermeté, de capacité, de libéralité, de générosité et d’humanité : jetant l’argent avec choix, disant du bien, rendant de bons offices, demandant des récompenses, et écrivant des lettres au Roi qui faisoient l’admiration de la cour. Voilà une assez belle campagne : voilà tout le Palatinat, et quasi tout le Rhin à nous, voilà de bons quartiers d’hiver, voilà de quoi attendre en repos les résolutions de l’Empereur et du prince d’Orange. On croit celui-ci embarqué ; mais le vent est si bon cIlholique, que jusques ici il n’a pu se mettre à la voile[1]. On dit que M. de Schomberg est avec lui[2] : c’est un grand malheur pour ce maréchal et pour nous. Les affaires de Rome vont toujours mal. Mais qu'est-ce que j'ai oui parler de deux mille francs de pension a Monsieur de Bussy. [3] et assurance d'une place





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  1. 3. Voyez ci-dessus, p. 206, note 4.
  2. 4. Le maréchal Frédéric duc de Schomberg, Allemand d’origine et protestant, avait résigné, quand la plersécution contre les réformés commença en France, son commandement et ses dignités, et s’était retiré à la cour de Berlin. Il avait plus de soixante-dix ans, lorsque le prince d’Orange le choisit, avec le consentement de l’électeur de Brandebourg et l’approbation de tous les chefs de son parti, pour son lieutenant. Il accompagna le prince dans son expédition en Angleterre et entra avec lui à Londres le 28 décembre. Voyez l’Histoire déjà citée de Macaulay, chapitres IX et X, tome III p. 263, 292, 375.
  3. 5. Le Roi a donné au jeune Bussy une pension de deux mille