Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/255

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sa santé avec le bien de l’Europe; car la joie est univer- selle de la déroute de ce prince, dont la femme est. une Tullie’ ah qu’elle passeroit bravement sur le corps de son père! Elle a donné procuration à son mari pour prendre possession du royaume d’Angleterre, dont elle dit qu’elle est héritière- et si son mari est tué, car son imagination n’est point délicate, elle la donne à M. de Schomberg pour en prendre la possession pour elle8. Que dites-vous de ce héros qui gâte si cruellement la fin d’une si belle vie? Il a vu couler à fond devant lui V Amiral, qu’il devoit monter9 et comme le prince et lui alloient les derniers, suivant la flotte qui étoit à la voile par un temps admirable, quand ils virent tout d’un coup la tempête effroyable, ils retournèrent au port, le prince avec son asthme et fort incommodé, et M. de Schomberg avec bien du chagrin. Il n’est rentré avec eux que vingt-six vaisseaux; tout le reste est dissipé vers la Norvège, vers Boulogne. M. d’Aumont" a envoyé un courrier au Roi, lui dire qu’on avoit vu des vaisseaux à la merci des vents, et quelques marques de débris et de naufrage. Il y a eu une flûte périe devant les yeux du prince d’Orange, dans 7. Tullie, fille de Servius Tullius, et femme de Tarquin le Superbe. Elle fit passer son char sur le corps sanglant de son père assassiné. Voyez Tite Live, livre I, chapitre xi.viii. -Dans l’édition de 1737, par une faute singulière « une Julie. s

8. (t C’est M. de Schomberg qu’elle charge d’en prendre possession pour elle. » (Édition de 17S4.)

9. On lit dans le numéro de la Gazette que nous venons de citer (note 6) « La frégate qui devoit porter le maréchal de Schomberg s’ouvrit en deux, ayant donné sur un banc de sable, de manière qu’elle périt, et il en monta une autre de trente-six pièces de canon. » Voyez plus haut la fin de la note 6.

10. Voyez tome XL, p. 204, note 5. Le duc d’Aumont, premier gentilhomme de la chambre, était gouverneur de Boulogne et du pays Boulonnais. Voyez le Journal de Dangeau, à la date du 16 novembre 1688.

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