Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/29

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1687 aujourd’hui le restaurateur de cette maison ; cependant il a soixante ans passés, et n’a ni bien, ni santé, ni femme[1].

Je ne pense pas qu’on remplace le duc d’Estrées[2], tant qu’on y tiendra le cardinal son frère ; aussi bien celui-ci étoit-il l’âme de l’ambassade. Je crois que la duchesse d’Estrées[3] rajeunissoit son mari, et que le bonhomme la vieillissoit ; si je l’avois épousée, comme c’étoit l’intention du vieux Manicamp[4], peut-être vivroit-elle encore. En tout cas, je serois en état de convoler en troisièmes noces : ce que Dieu ne veuille ! Si la douleur faisoit sur le chanoine le même effet que l’apoplexie sur la duchesse, non-seulement le procès seroit fini mais Mme de Bussy pourroit avoir de quoi porter le deuil.

Mais n’admirez-vous pas comment la Providence ren-

    marquis de Créquy ira voyager, et que la cour a conseillé à son père de lui faire prendre ce parti-là. On dit aussi que Mme de Polignac ne paroîtra pas sitôt à la cour. Monseigneur lui a fait dire par… qu’il ne vouloit plus avoir aucun commerce avec elle. » Saint-Simon ajoute : « Monseigneur étoit amoureux de Mme de Polignac, et cela avoit hâté son mariage… Cela dura toujours avec Monseigneur, jusqu’à ce qu’il découvrît que le marquis de Créquy, qui étoit dans cette intrigue, étoit pour le moins aussi bien traité que lui ; c’est ce qui fit l’éclat ; ils furent chassés, et Mme de Polignac n’est pas revenue à la cour depuis, seulement à la fin de sa vie, des moments, une fois ou deux l’année. » Dangeau dit encore, à la date du 26 du même mois : « Le Roi dit au duc d’Aumont que son gendre, le marquis de Créquy, avoit envie de lui déplaire, puisqu’il demeuroit toujours ici, quoiqu’il lui eût fait conseiller par sa famille de s’absenter. Voyez enfin les Mémoires du marquis de Sourches, tome II, p. 229 et suivantes.

  1. 9. Il épousa en 1702, à l’âge de soixante-seize ans, une fille du maréchal de Vivonne.
  2. 10. À Rome. Le marquis de Lavardin fut nommé, le 19 avril suivant, en remplacement du duc d’Estrées. Sur le cardinal, voyez tome II, p. 517, note 7.
  3. 11. La troisième femme du vieux maréchal d’Estrées : voyez la lettre précédente, p. 19, note 6.
  4. 12. Achille, seigneur de Manicamp. Voyez tome III, p. 24, note 3.