Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/295

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pense qu’en soupirant. Vous avez peut-être chaud, et vous êtes tourmentée des cousins ah ! ma fille, c’est signe que nous sommes bien loin l’une de l’autre.

IO95. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, mardi au soir 30e novembre. :

JE vous écris ce soir, ma fille, parce que je m’en vais demain, à neuf heures, au service de notre pauvre SaintAubin : c’est un devoir que nos saintes carmélites lui rendent par pure amitié. Je les verrai ensuite, et vous serez célébrée comme vous l’êtes souvent ; de là j’irai dîner chez Mme de la Fayette ::.

Vous me représentez fort bien votre fille aînée[1] : je la vois ; je vous prie de l’embrasser pour moi ; je suis ravie qu’elle soit contente[2]. Parlons de votre fils ah ! vous n’avez[3] qu’à l’aimer tant que vous voudrez, il le mérite, tout le monde en dit du bien et le loue d’une manière qui vous feroit plaisir ; nous l’attendons cette semaine. J’ai senti toute la force de la phrase dont il s’est servi pour cette estime, qu’il faut bien qui vienne, ou qu’elle dise pourquoi ; j’en eus les larmes aux yeux dans le moment mais elle est déjà venue, et ne dira point pourquoi elle ne viendroit pas. La réputation de cet enfant est toute commencée, et ne fera plus qu’augmenter. Le chevalier en est bien content, je vous en assure. Je fus d’abord émue de la contusion, en pensant à ce qui pou-



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1 1 _rt.~

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  1. LETTRE 1095. 1. Marie-Blanche.
  2. 2. Ce membre de phrase « je suis ravie, etc., » manque dans le texte de 1737.
  3. 3. « Pour votre fils, ah vous n’avez, etc. » (Édition de 1754.)