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1112. DE MADAME DE SÉVIGNẺ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce 27è décembre.

JE[1] » reçus votre lettre du 17è justement comme matines sonnoient pour aller aux Filles bleues à la messe de minuit. Si j’avois été bien sage, je ne l’aurois pas lue mais il me fut impossible de m’en empêcher. Vous jugez bien que la veille de quatre fêtes, les commissions sont un peu retardées.

Vous faites fort bien de donner un habit et une cornette à cette jolie Pauline : il est impossible de s’en passer mais en attendant je ne laisserois pas de l’avoir auprès de moi: elle ne sauroit être mieux, et je ne vois rien qui mérite que vous la lâchiez et l’envoyiez au grenier ; c’est toujours Mlle de Grignan, ce nom est une parure; et dans la dépense que vous fait votre fils et sa compagnie, toute économie vous sied bien et à cette petite personne et à votre table et à votre train. Suivez sur cela vos justes résolutions, et croyez qu’il y a plus de grandeur d’en user ainsi, que de manquer à la chose principale, qui est votre petit capitaine, qui fait encore cinq cavaliers. Il est sur le chemin de Châlons, pour aller voir cette belle compagnie que vous lui avez faite. Il partit le jour de Noël pour aller coucher à Claye, et faire en passant la révérence à Livry ; il reviendra dimanche. Le chevalier a mesuré tous ses jours ; il a fait ses dévotions à la messe de minuit à Sainte-Catherine,[2]

  1. 1LETTRE 1112 (revue en grande partie sur une ancienne copie). 1. Ce premier alinéa et le commencement du second manquent dans les deux éditions de Perrin, où la lettre commence ainsi : « Savez-vous bien (le texte de 1737 ajoute : ma chère fille) que votre petit capitaine est sur le chemin de Châlons, etc.
  2. 2. Sainte-Catherine de la Couture (Culture) était une église et un