Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/38

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1687 Voilà de quoi je veux remplir cette lettre, mon cousin et je prétends que cette peinture, dans son espèce, est aussi extraordinaire que l’autre.

Je viens de voir un prélat qui étoit à l’oraison funèbre. Il nous a dit que Monsieur de Meaux s’étoit surpassé lui-même, et que jamais on n’a fait valoir ni mis en œuvre si noblement une si belle matière. J’ai vu deux ou trois fois ici Monsieur d’Autun. Il me paroît fort de vos amis : je le trouve très-agréable, et son esprit d’une douceur et d’une facilité qui me fait comprendre l’attachement qu’on a pour lui quand on est dans son commerce. Il a eu des amis d’une si grande conséquence, et qui l’ont si longtemps et si chèrement aimé, que c’est un titre pour l’estimer, quand on ne le connoîtroit pas par lui-même. La Provençale vous fait bien des amitiés. Elle est occupée d’un procès qui la rend assez semblable à la comtesse de Pimbêche[1].

Je me réjouis avec vous que vous ayez à cultiver le corps et l’esprit du petit de Coligny[2]C’est un beau nom à médicamenter, comme dit Molière [3], et c’est un amusement que nous avons ici tous les jours avec le petit de Grignan. Adieu, mon cher cousin ; adieu, ma chère nièce : conservez-nous vos amitiés, et nous vous répondons des nôtres. Je ne sais si ce pluriel est bon ; mais quoi qu’il en soit, je ne le changerai pas.


de corbinelli.

Je ne vous dirai rien aujourd’hui, Monsieur, sinon que

  1. 9. Voyez la Notice, p. 278 et 274.
  2. 10. Dans l’édition de 1697 « du petit de Laughac. » Voyez tome III p. 443, note 5
  3. 11. Le Médecin malgré lui, acte II, scène III : « Comment s’appelle votre fille ? — Lucinde. — Lucinde ! Ah ! beau nom à médicamenter ! Lucinde ! »