Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/431

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chez M. de Louvois; ce petit visage[1] lui parut si noble et si joli, qu’il demanda son nom, et le nom lui fit embrasser votre enfant cinq ou six fois, et le fit souvenir de père, de mère et de grand’mère enfin il le trouva fort joli[2]. Adieu, ma chère enfant je suis tellement à vous, que je ne puis assez vous le dire.

II27. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris: , ce lundi 24e janvier.

Enfin, ma chère enfant, votre Durance a laissé passer nos lettres ; il faut que la glace soit bien habile pour l’attraper et pour l’arrêter, de la furie dont elle court[3] Nous avons eu de cruels temps, de cruels froids, et je n’en ai pas été seulement enrhumée [4] J’ai gardé plusieurs fois la chambre de Monsieur le chevalier; et pour parler comme Mme de Coulanges, il n’y avoit que lui qui fût à plaindre de la rigueur de la saison; mais je vous dirai plus naïvement qu’il me semble qu’il n’étoit point fâché que j’y fusse. Voilà le dégel ; je me porte si bien, que je n’ose me purger, parce que je n’ai rien à désirer, et que cette précaution me paroit une ingratitude envers Dieu. Monsieur le chevalier n’a plus de douleurs; mais il n’ose encore hasarder Versailles. Il faut que je vous dise un mot de Mme de Coulanges, qui me fit rire et me parut plai-

  1. Son petit visage. » (Édition de 1754)
  2. 7.Ce dernier membre de phrase n'est pas dans l'édition de 1754
  3. LETTRE 1127. 1. Dans l’édition de 1754, Perrin a transposé les deux membres de phrase : « De la furie dont elle court, il faut, etc. »
  4. 2. «  Et je n’en ai seulement pas été enrhumée, » (Édition de 1754.) La phrase qui suit manque dans le texte de 1737.