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DE MADAME DE COULANGES.

MADAME de Sévigné ne veut jamais que je vous écrive, Madame ; elle ne comprend point que l’on puisse être occupée de vous : je n’ai jamais vu une telle personne. Cependant je vous avertis que si vous voulez faire votre cour, vous demandiez à voir Esther vous savez ce que c’est qu’Esther ; toutes les personnes de mérite en sont charmées ; vous en seriez plus charmée qu’une autre. Ce n’est pas une affaire de venir de Grignan coucher à Versailles je m’y trouverai avec une extrême joie ; car en vérité je doute qu’on puisse vous desirer plus vivement que je fais. Voilà un avis que je ne puis manquer de vous donner, sachant très-bien, Madame, que si on laissoit faire Mme de Sévigné, elle vous oublieroit toujours. Je ne finirai jamais ce compliment sans embrasser M. de Grignan : c’est un droit que je ne veux point perdre; je l’embrasserai toujours, malgré son saint-esprit. Voilà Mme de Frontenac et Mlle d’Outrelaise, qui me prient de vous dire bien des choses de leur part. Le pauvre abbé Têtu a toujours des vapeurs : j’ai la honte de faire de mon mieux pour le guérir sans y pouvoir réussir. M. de Coulanges dit qu’il ne se peut donner l’honneur de vous écrire, parce qu’il a mal au pied ; il croit avoir la goutte, il crie comme un enragé, et tout cela pour contrefaire M. le chevalier de Grignan.

1130. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce lundi 31e janvier.

Ah oui, assurément, j’ai la mine d’avoir été en peine de votre mal de gorge ; et je ne vous puis dire aussi com-