Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/449

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bien cette lettre du 24è, qui m’apprend votre guérison, me fait respirer à mon aise[1]» me voilà donc en repos autant qu’on le peut être dans l’absence ; car j’avoue que l’imagination est cruelle, et abuse bien de notre foiblesse dans ce temps-là. Mais conservez votre santé, si vous m’aimez, si vous nous aimez, si vous voulez que nous nous portions bien il semble que ma santé,[2] ne songe qu’à vous plaire, tant elle est de suite et parfaite. Je vais, sur votre parole, dans la chambre du chevalier ; cette pauvre petite chambre qui m’attire si naturellement, que j’habite depuis plus de dix ans, j’y suis encore fort bien reçue. Il s’en va bientôt à Versailles, ce chevalier[3]; il se porte bien j’en suis aise par mille raisons, et fâchée, parce qu’il m’ennuiera de ne le point voir nous nous rallions [4], nous parlons de vous; je suis encore bien plus tombée des nues, quand il n’y est pas. Il y a trois jours que votre fils est courtisan ; le duc de Charost, qui est ici et qui l’a vu, m’en dit hier beaucoup de bien. Mme de Chaulnes a vu la reine d’Angleterre : elle en est fort contente ; le petit prince, habillé comme un godenot, 5. Figure de petit homme ridicule, dont se servent les charlatans pour amuser le peuple. On dit par mépris d’un petit homme mal fait Il est fait comme un godenot, voilà un plaisant petit godenot. » Dîctionnaire de l'Académie de 1694.) 

  1. LETTRE 1130. I. Dans l’édition de 1737, la lettre commence ainsi : «  Je ne puis vous dire, ma chère enfant, combien votre lettre du 24e, qui m’apprend que votre mal de gorge est guéri, me fait respirer à mon aisé.
  2. 2.« Que la mienne. » (Édition de 1754)
  3. . « Ce chevalier s’en va tantôt à Versailles. » (Ibidem.)
  4. 4. Tel. est le texte des deux éditions de Perrin, nos seules sources pour cette lettre. Il s’était glissé dans l’impression de 1818 une faute assez grave, qui a été copiée par des éditions plus modernes ralions pour rallions. La suite de la phrase est ainsi dans l’édition de 1754 « Nous parlons de vous, et je suis ce qu’on appelle tombée des nues quand il n’est pas ici.  »