Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/453

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̃1131 DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce mercredi 2è février.

C’EST aujourd’hui, ma chère fille, que selon toutes les apparences, vous avez été reçus[1] par le chapitre avec quelques autres traîneurs, et je ne saurois douter que le courrier ne parte demain pour vous porter votre cordon bleu, et à M. de Monaco[2]. Voici la glu à quoi tenoit l’aile de votre pigeon, c’est que vos actes de foi et informations de vie et mœurs n’arrivèrent que le propre jour qu’on tenoit le premier chapitre, et par conséquent trop tard. Vous faites trop d’honneur à Marie de Rabutin Chantal de prendre son fait et cause; mais savez-vous que si Jeanne Frémyot n’étoit dans le ciel, elle vous gronderoit? Elle étoit fille de deux ou trois présidents (oh oh! pour qui nous prenez -vous?), et Berbisy par sa mère[3] . Quand on a eu un procès, il faut songer à ce que l’on dit.

Ne [4] vous épuisez point, ma chère enfant, à m’écrire de grandes lettres; vous ne doutez pas qu’elles ne me soient agréables mais cela vous tue ; parlez-moi seulement de votre santé, de vos affaires, de vos desseins; ah, mon Dieu! que tout cela me tient au cœur! laissez-moi discourir, et ne vous amusez point à me répondre ; renvoyez-moi sur certaines choses à Monsieur le chevalier enfin je ne demande que votre santé et votre sou-

  1. LETTRE 1131, 1. « Vous avez été admis. » (Édition de 1754.)
  2. 2. « Pour vous porter votre cordon, ainsi qu’à M. de Monaco. » (ibidem.)
  3. 3. Voyez la Notice, p. 6 ; la Généalogie p. 339; et tome IV, p. 294, note 1.
  4. 4. Le commencement de cet alinéa n’est pas dans l’impression de 1737, qui reprend seulement à « Vous avez donc eu peur. »