Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/458

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J’ai reçu une lettre de la belle Comtesse[1], par laquelle je connois qu’elle m’estime autant que si j’étois cordon bleu. Je vois bien que le Roi, ce grand prince qui a tant de pouvoir, ne sauroit me faire mépriser d’elle. Notre prélat[2] est à Autun malgré lui nous en avons le corps, mais le cœur est à Paris.

A CORBINELLI.

JE commence aussi par vous remercier, Monsieur, comme j’ai fait Mme de Sévigné, et par vous assurer que, grâces à Dieu, j’ai ce que Juvénal souhaite :

Mens sana in corpore sano[3]

J’ai été fâché, comme vous, de ne me pas voir sur la liste des chevaliers. Il est vrai que[4] le Roi a fait tout ce qu’il a pu pour m’en consoler par les gens indignes qu’il a honorés de son ordre et outre cela, moi qui mets tout en oeuvre pour n’être pas fâché longtemps, je me suis dit que si, après toutes les injustices que tout le monde sait qu’on m’a faites, on m’avoit donné le cordon bleu, il auroit semblé au public qu’il ne m’auroit manqué que cela pour devoir être content.

Vous avez raison, Monsieur, d’être surpris de voir le roi d’Angleterre comme abandonné de Dieu, après qu’il s’est signalé pour son service. Cependant la Providence a ses raisons, et n’en manque pas, même quand les chrétiens perdent des batailles et des empires contre les infidèles. La marquise ni moi ne sommes pas indolents nous

  1. 12. La lettre du 4 janvier précédent, p. 381.
  2. 13. Gabriel de Roquette.
  3. 14. Voyez ci-dessus, p. 389.
  4. 15. Une partie de cette phrase, depuis le Roi a fait, jusqu’à et outre cela, inclusivement, a été biffée dans le manuscrit ; deux lignes plus loin, les mots  » que tout le monde sait qu’on m’a faites, » ont été remplacés d’une autre main par «  de la fortune. »