Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/46

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fit faire des enfants. Il prit aussi de ses remèdes pour guérir sa goutte. À la vérité ce charlatan ne leu fit point faire d’enfants, mais en récompense il guérit mon beau-frère de sa goutte aux genoux, et il la lui mit dans la tête, où il a de temps en temps des douleurs insupportables ; et c’est de cela qu’il vient d’être à l’extrémité ; il en est revenu, mais j’ai peur que cela ne lui fasse tôt ou tard un méchant tour.

La comtesse de Dalet[1] n’a pas été si heureuse que lui, car elle fut enterrée le lendemain de Pâques. Adieu, ma chère cousine[2].

    donner au Roi. tous ses secrets, mourut ici. Le Roi a une partie de ses remèdes, mais il y en a beaucoup de perdus par sa mort. Il prétendoit guérir sûrement les apoplexies, et il avoit entrepris M. d’Elbeuf, M. l’abbé d’Harcourt et la duchesse d’Estrées.

  1. 8. Gilberte d’Estaing, mariée en 1645 à Gilbert Allyre de Langhac comte de Dalet, père du marquis de Coligny, gendre du comte de Bussy. (Note de l’édition de 1818.) Les mots : « n’a pas été si heureuse que lui, car elle… » ont été biffés dans le manuscrit, et à la suite de la comtesse de Dalet, une autre main a écrit dans l’interligne : « d’Estin {d’Estaing), votre ancienne. »
  2. 9. À la suite de cette lettre on lit dans la première édition des Lettres de Bussy (1697) les deux billets que voici :

    DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

    À Chaseu, ce 12e avril 1687.

    Il n’est pas, ma chère cousine, que vous n’ayez ouï parler d’Abeilard et d’Héloïse ; mais je ne crois pas que vous ayez jamais vu de traduction de leurs lettres : pour moi, je n’en connois point*. Je me suis amusé à en traduire quelques-unes, qui m’ont donné beaucoup de plaisir. Je n’ai jamais vu un plus beau latin, surtout celui de la religieuse, ni plus d’amour et d’esprit qu’elle en a. Si vous ne lui en trouvez point, ma chère cousine, ce sera ma faute. Je vous prie que notre ami C*** (Corbinelli) vous les lise en tiers avec la belle

    * Bussy est en effet le premier traducteur de ces lettres, mais il n’en a traduit qu’une partie. (Note de M. Lalanne.)