1687
1019. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À D’HERIGOYEN.
Je vous ai écrit, Monsieur d’Herigoyen, et vous me répondez sur tout ce que je vous demandois comme si vous aviez reçu ma lettre. Je vous remercie d’être revenu de Vannes exprès pour mes affaires ; vous voyez que j’en avois grand besoin, et que j’ai grande raison de souhaiter que vous ayez gagné votre procès, afin d’être à moi. M. de Trévaly me répond tous les jours de votre capacité et fidélité : c’est pourquoi je me veux fier en vous entièrement.
Je vous remercie de la lettre de change : vous m’avez fait un grand plaisir ; je vous en tiendrai compte. Elle est
Comtesse, et je réglerai l’estime de mon amusement sur les sentiments que vous en aurez tous trois.
Nous croyons, la belle Comtesse et moi, que vous avez tout au moins donné de l’esprit à Héloïse, tant elle en a. Notre ami C*** (Corbinelli), qui connoît l’original, dit que non, mais que votre françois a des délicatesses et des tours que le latin n’a pas ; et sur sa parole nous n’avons pas cru le devoir apprendre pour avoir plus de plaisir à cette lecture ; car nous sommes persuadées, comme lui, que rien n’est au-dessus de ce que vous écrivez.
Ces deux billets, entre lesquels est placée, dans l’édition de 1697 (tome II, p. 117-150), la traduction de deux lettres d’Héloïse et d’une d’Abeilard, ne se trouvent pas dans notre manuscrit. Ils sont très-vraisemblablement l’œuvre de Mme de Coligny. Nous avons vu d’elle diverses additions du même genre, au moyen desquelles elle intercalait dans la correspondance de son père des traductions ou imitations du même genre, ou des lettres au Roi. Voyez en particulier tome I, p. 529, note 3, et p. 531, note 7 ; tome III, p. 51, note 14, et p. 71, note 6 ; tome VII, p. 59, note 7, et p. 134, note 6.
