Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/476

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comme l’abbé de Polignac et Corbinelli crioient là-dessus cela me divertissoit, et me faisoit souvenir grossièrement de ma petite cartésienne[2], que j’étois si aise d’entendre, quoique indigne. J’allai de là chez Mme de la Fayette, où le bonheur fit que je trouvai uniquement M. de Pompone et M. Barrillon [3]; nous y fûmes deux heures avec plaisir, d’autant plus que ce bonheur est rare. Ils dirent que le parlement d’Angleterre avoit élu le prince d’Orange roi [4] »disant que celui-ci a quitté son royaume, et rompu le traité du souverain avec ses sujets ; que sa fuite est une abdication, et qu’ils veulent rendre ce

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  1. follow=p469au monde. » Voyez les Principes de la philosophie, IIe partie, n° 36. Dans le VIIe de ses Entretiens sur la métaphysique et sur la religion, publiés en 1687, le P. Malebranche s’exprime ainsi « La force mouvante d’un corps n’est donc que l’efficace de la volonté de Dieu, qui le conserve successivement en différents lieux. Cela supposé, concevons que cette houle soit mue, et que dans la ligne de son mouvement elle en rencontre une autre en repos l’expérience nous apprend que cette autre sera remuée immédiatement, et selon certaines proportions toujours exactement observées. Or ce n’est point la première qui meut la seconde. Cela est clair par le principe. Car un corps n’en peut mouvoir un autre sans lui communiquer de sa force mouvante. Or la force mouvante d’un corps mû n’est que la volonté du Créateur qui le conserve successivement en différents lieux. Ce n’est point une qualité qui appartienne à ce corps. Rien ne lui appartient que ses modalités, et les modalités sont inséparables des substances. Donc les corps ne peuvent se mouvoir les uns les autres, et leur rencontre ou leur choc est seulement une cause occasionnelle de la distribution de leur mouvement. Voyez aussi les Éclaircissements de Malebranche sur le VIe livre de la Recherche de la vérité (xve éclaircissement; sur le chapitre in de la IIe partie du livre VI, touchant l’efficace attribuée aux causes secondes).
  2. 14. « De ma chère petite cartésienne. » (Édition de 1754.)
  3. 15. « Et M. de Barrillon. w [Ibidem.)
  4. 16. « Le 17 (février), il fut résolu par les Seigneurs et par les communes que le prince et la princesse d’Orange seroient proclamés (roi et reine) le lendemain, (Gazette du 26 février.) Dans l’édition de 1754 « Ils assurent que le parlement d’Angleterre a élu le prince d’Orange pour roi.