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me semble que si j’étois avec vous, je lui rendrois de grands offices, rien qu’en redressant un peu votre imagination, et en vous demandant si une petite personne qui ne songe qu’à plaire et à se corriger, qui vous aime, qui vous craint, et qui a bien de l’esprit, n’est pas dans le rang de tout ce qu’il y a de meilleur. Voilà ce que mon cœur vous a voulu dire de ma chère Pauline, que j’aime et que je vous prie d’embrasser tout à l’heure pour l’amour de moi. Ajoutez-y cette bonne conscience qui la fait si bien renoncer au pacte, quand elle voit les diableries des joueurs de gobelets. Cette vie, quoique agréable, vous aura fatiguée : en voilà trop pour vous, ma chère fille; vous vous couchiez tard, vous vous leviez matin :j’ai eu peur pour votre santé. Ce qui fait que je ne vous parle point de la mienne, c’est qu’elle est comme je souhaite la vôtre, et que je n’ai rien à dire sur ce sujet.

Vous songez toujours à moi trop obligeamment :vos raisonnements sont bons sur mon voyage de Bretagne, j’y penserai ; et si Mme de Chaulnes n’y alloit point (car que sait-on? il faut voir comme ou réglera tous les commandements), si donc elle n'y allait pas, je m'en irais moi, de mon chef, à Nantes où je ferai venir l'abbé Charrier [1] il n’est plus possible de laisser cette terre dans le désordre où elle est tombée. Nous avons du temps pour le moins jusqu’à Pâques : [2] on ne songe point à partir le carême. [3] avec Coulanges et l'abbé Bigorre, en-

  1. 2. Ce dernier membre de phrase : « où je ferai venir etc. manque dans l'édition de 1737 »
  2. 3. Jusqu'après Pâques (Edition de 1754
  3. Nous avons soupe dimanche dernier, comme je crois vous l’avoir dit, chez le Civil, où vous ne fûtes pas oubliée; le lundi chez M. de Lamoignon 4. Je crois vous avoir dit que nous soupâmes lundi dernier chez le Civil; le lundi ce fut chez M. de Lamoignon. (Ibidem.)