Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/49

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1687 blissons la confiance, comme elle l’est déjà de mon côté, je vous donnerai le pouvoir de faire en conscience et en honneur tout ce que vous trouverez à propos : commencez sur ce pied-là, et tâchez d’affermer les moulins, les métairies et les prés ; il n’y a pas un moment à perdre. Vous devez vous accommoder au Buron et rétablir cette terre, car je vous assure qu’elle est bonne et que vous y trouverez votre compte. Je suis ravie des ventes que vous allez avoir ; vous en aurez bien d’autres : cette ferme ne vous ruinera jamais, je vous en réponds.

Je n’avois que faire de ce gros procès-verbal, qui m’a coûté six francs ; je ne puis en faire aucun usage ici ; j’irai quelque jour à Nantes, et c’est sur les lieux que l’on s’instruit en détail.

Je vous gronde, Monsieur d’Herigoyen, d’avoir dit à la Jarie que vous aviez vu des lettres de Pasgerant : je vous avois prié de n’en point parler. Il faut être fidèle à ces sortes de petits secrets. Cela fait qu’on n’est plus averti de rien. J’espère que vous vous corrigerez, et c’est ce qui fait que je retourne encore à vous envoyer une de ces lettres, où vous verrez les belles dispositions de la Jarie et l’entreprise d’un homme qui met familièrement un banc auprès du vôtre dans notre paroisse de Vigneu[1]. À votre retour, vous entrerez un peu dans cette affaire avec votre vigilance. Il ne faut point parler de changer d’officiers que quand vous aurez mon fils, car c’est lui à qui j’ai laissé ce soin. Vous avez grand’raison de dire que la Jarie s’expose à un orage, car je vous assure que je veux être payée et de mes treize cents francs de 85 et du compte de 1680, et tout cela pour M. d’Harouys.

  1. 5. Voyez la Notice, p. 213, note 2. Vigneux est dans le canton de Saint-Etienne-de-Mont-Luc (Loire-Inférieure, arrondissement de Savenay). — Sur l’affaire de ce banc, voyez la lettre du 10 juillet suivant.