Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/497

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tantôt chez M. de Pompone, Mme de Vins, la marquise d’Uxelles [1]; demain chez Mme du Puy-du-Fou et Mme de Lavardin; et puis il attendra son oncle, et partira sur la fin de la semaine ; mais, ma chère enfant, soutenez un peu votre cœur contre ce voyage, qui n’a point d’autre nom présentement. Parlons un peu de Pauline, cette petite grande fille, toute aimable, toute jolie ; je n’eusse jamais cru qu’elle eût été farouche [2] je la croyois toute de miel; mais, mon enfant, ne vous rebutez point : elle a de l’esprit, elle vous aime, elle s’aime elle-même, elle veut plaire ; il ne faut que cela pour se corriger, et je vous assure que ce n’est point dans l’enfance qu’on se corrige : c’est quand on ’a de la raison ; l’amour-propre, si mauvais à tant d’autres choses, est admirable à celle-là ; entreprenez donc de lui parler raison, et sans colère, sans la gronder, sans l’humilier, car cela révolte ; et je vous réponds que vous en ferez une petite merveille. Faites-vous de cet ouvrage une affaire d’honneur, et même de conscience : apprenez-lui à être habile ; c’est un grand point que d’avoir de l’esprit et du goût comme elle en a.

Esther n’est pas encore imprimée. J’avois bien envie de dire un mot de vous à Mme de Maintenon je l’avois tout prêt; mais elle fit vingt pas pour me venir dire un petit mot ; car le Roi, qui venoit de me dire ce que je vous ai mandé, s’en alloit dans sa chambre, et elle le suivit : je n’eus que le moment [3] de faire un geste de remercie-

  1. 22. «Chez Mme de Vins et la marquise d’Uxelles. » (Édition de 1754.)
  2. 23. « Que son humeur eût été farouche. » (Ibidem.)
  3. 24.« Je l’avois tout prêt : elle fit même (1754 : elle fit) quelques pas pour me venir dire un demi-mot; mais comme le Roi après ce que je vous ai mandé qui s’étoit passé, s’en alloit dans sa chambre, elle le suivoit ; je n’eus (1754 : et je n’eus) que le moment, etc. »(Éditions de 1737 et de 1754.)