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question de lui plaire; si, nous étions ainsi pour Dieu, nous serions de grands saints.

Nous avons ri, le chevalier et moi, de la peine que nous eûmes à comprendre qu’à Marseille vous fussiez revenue chez vous pour prier Dieu, nous demandant l’un à l’autre : Mais qu’a-t-elle voulu dire ? entendez-vous cela? Non. Ni moi non plus.; » comme si vous eussiez été en délire, ou que vous eussiez dit une chose pour une autre; enfin je n’ai jamais vu un aveuglement pareil; moi qui sais que vous avez toujours quelque mouvement pour le jour du Seigneur, j’étois tellement dépaysée par Marseille, par l’Opéra, par cette foule de monde dont vous étiez entourée, que jamais je ne pus me remettre dans l’esprit votre régularité. En vérité, ma chère enfant, je pense qu’il faut vous demander pardon de cette injustice.

Je[1]vous plains d’être obligée d’entendre de mauvais sermons c’est une véritable peine. J’en entends de fort bons [2])le P. Soanen[3] à Saint-Gervais, M. Anselme[4] à Saint-Paul, mais non pas tous les jours c’est une contrainte que donne la place où vous êtes. J’avoue que quand elle oblige à communier, sans autre raison que cette



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  1. 8. La lettre commence avec cet alinéa dans notre ancienne copie, qui, deux lignes plus loin, donne cette leçon singulière : « …de fort bons, pére Soinim et Gervais. »
  2. 9. J’en entends de fort bons (Editions de 1737 et 1754.)
  3. 10. Voyez c-dessus, p. 508, note 16
  4. 11. L’abbé Anselme. » (Ibidem.) Antoine Anselme, né à l’Isle- Jourdain en 165a, membre associé de l’Académie des inscriptions en 1710. Le marquis de Montespan lui confia l’éducation du marquis d’Antin, son fils. Il prêcha plusieurs fois à la cour, et mourut le 8 août 1737. On a de lui des recueils de sermons et panégyriques, et des dissertations savantes. L’abbé le Gendre en parle p. 1 à 13 de ses Mémoires. L’église Saint-Paul, détruite en 1800, se trouvait dans la rue Saint-Paul. Voyez l’Histoire de Paris, par M. Lavallée, tome II, p. 84.