Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/53

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tum fait par Nuguet contre Monsieur d’Autûn (5); notre nouvelle amitié me défend de trouver plaisant ce que j’en lus, car je n’en lus que six lignes ; mais si je l’avois vu deux mois plus tôt, j’en aurois ri de tout mon cœur. Il y a un tour malin, mais spirituel, qui réjouit les indifférents. Je suis charmée et transportée de l’oraison funèbre de Monsieur le Prince, faite par le P. Bourdaloue. Il se surpassa lui-même, c’est beaucoup dire. Son texte fut Que le Roi l'avait pleuré et dit à son peuple :" Nous avons perdu un prince qui étoit le soutien d’Israël. » C’est dans la Sagesse (6)

5. Une autre dispute fit en ce même temps (l'année 1699) quelque bruit. Monsieur d’Autun, président né des états de Bourgogne, disputoit depuis quelque temps à l’abbé de Cîteaux d’avoir un fauteuil dans cette assemblée. Cet honneur, selon lui, n’étoit dû dans le clergé qu’aux évêques et non pas à un moine, quoique chef d’un grand ordre. Monsieur de Citeaux, à qui cela s’adressoit, alléguoit la dignité de son abbaye, dont l’autorité s’étendoit dans tout le monde catholique, et son ancienne possession, que Monsieur d’Autun traitoit de vieil abus. Il y eut sur cela force factums de part et d’autre. L’abbé de Cîteaux se trouvoit lors une fort bonne’tête et fort apparenté dans la robe il s’appeloit M. Larcher (au temps de notre lettre l'abbé étoit le P. Petit; le P. Larcher lui succéda en 1692)..... Le Roi à la fin voulut juger l’affaire au conseil de dépêches. Monsieur le Prince, gouverneur de Bourgogne, et Ferrand, intendant de la province, furent consultés ; leur avis fut favorable à Monsieur de Citeaux, qui gagna son procès. » (Mémoires de Saint-Simon, tome II, p. 2S9.)

6. Mme de Sévigné cite ce texte de mémoire ; il n’est pas tiré du livre de la Sagesse, mais du second livre des Rois (chapitre III, versets 38 et 33, et non, comme il est dit dans les éditions de Bourdaloue, chapitre XXXIII). Le voici sans altération. Le roi dont il est parlé est David ; le mort, Abner «Le Roi lui-même touché de douleur, et versant des larmes, dit à ses serviteurs : « Ignorez-vous que le prince est mort, et que dans sa personne nous venons de perdre le plus « grand homme d’Israël ?... Il est mort, mais non pas comme les lâches ont coutume de mourir. » Les mots : « C’est dans la Sagesse, " ont été supprimés dans l’édition de 1697 et dans toutes celles qui ont paru depuis.