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seule. Après ce jugement, il n’est plus question du conseil, toute chicane est finie; et c’est, du consentement de tout le monde, la plus jolie victoire que l’on pût remporter sous vos enseignes, et la plus utile pour vous. C’est le plaisir sensible que nous avons eu ce matin. Nous étions à l’entrée de nos juges, ayant tout lieu d’espérer que nous confondrions nos vilains ennemis ; en effet, une heure après, M. Bailly[1] est sorti, comme la colombe[2], et m’a dit, avec une mine grave: « Madame, vous avez obtenu ce que vous souhaitiez. » Je n’en ai pas fait de finesse à Monsieur le chevalier, ni à Vaille, ni à Rochon ; nos cœurs ont été épanouis; ma joie vouloit briller. Monsieur le chevalier m’a grondée; il m’a dit qu’il ne me mèneroit plus avec lui, si je ne savois me taire : c’est sa menace. J’ai voulu parler un peu haut, d’un air de triomphe ; il m’a encore menacée : il m’a dit que qui ne savoit point dissimuler, ne savoit point régner10. Il est sorti un autre conseiller, qui a dit à M. d’Aiguebonne qu’il avoit perdu son procès ; je l’ai vu se couler doucement sans dire un seul mot : il est accoutumé à ces succès. Je me suis souvenue d’avoir vu fuir autrefois devant moi Mme d’Outrouer,
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- ↑ 8. Guillaume Bailly, conseiller d'honneur au grand conseil, voyez plus haut p.270, note 26
- ↑ 9. Comme la colombe de l'arche
- ↑ 10. AEneas Sylvius (Pie II), au commencement de son commentaire sur le livre des Dits et Gestes du roi Alphonse attribue à l’empereur Sigismond, une parole à peu près semblable : « Celui qui ne sait pas simuler ne sait pas régner ». On connaît le chapitre du Prince (le XVIIIè) où Machiavel disserte sur l’utilité de la tromperie et de la dissimulation pour les souverains.
