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Au reste, ma chère bonne, je suis bien aise de ne point aller seule sur la Loire, dans le courant de l'eau, sur un petit bateau[1] d’autant plus que celui que celui d’un valet de chambre favori du roi d’Angleterre, qui portoit à Nantes toutes les toilettes, services de vaisselle, robes de chambre, et mille commodités que le Roi avoit données à ce roi anglois, a péri au pont de Cé, et ce pauvre homme noyé[2] : cela vous auroit fait peur. Je m’en vais donc en sûreté, peut-être avant Pâques, Mme de Chaulnes ayant envie[3] de passer la fête à Malicorne8.[4] Je tâcherai de retarder jusqu’à la semaine de Pâques; mais enfin je n’en suis pas assurée. Elle doit vous écrire aujourd’hui, pour vous faire ses compliments et vous parler du soin qu’elle aura de moi[5]. Réjouissez- vous avec M. de Chaulnes de ce que nul gouverneur n’est traité comme lui Revel[6]", lieutenant général, est sous ses ordres; et les troupes mêmes qui sont tout auprès de Brest reçoivent l’ordre de ce gouverneur pour obéir au maréchal d’Estrées, quand il en aura besoin. M. de Louvois a été charmé de sa bonne conduite, de sa vigilance, de son exactitude : il n’y a sorte de bien que ce ministre n’en dise. M. de Chaulnes sera fort aise que vous le sachiez, et que vous lui en écriviez.
- ↑ 5. Voyez tome IV, p. 135 et la note 1
- ↑ 6. Et que ce pauvre homme a été noyé. » (Édition de 1754.) Il s’appelait la Bastie. Voyez les Mémoires de la cour de France, par Mme de la Fayette, tome LXV, p. 81.
- ↑ 7. « Ayant dans la tète. » (Édition de 1754)
- ↑ 8. Chez Mme de Lavardin. Voyez tome II, p. 224 note 3.
- ↑ 9; « mais je n’en suis pas assurée. Elle doit vous écrire aujourd’hui, pour vous parler du soin qu’elle aura de moi. » (Édition de 1754.)
- ↑ 10. Voyez tome III, p.111, note 3, et la lettre du 24 août 1689.-- M. de Bulonde, dit le Mercure du mois de mars (p. 166), sera lieutenant général sous M. le maréchal d’Estrées ; M. de Revel servira dans le reste de la province, sous M. le duc de Chaulnes. »