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en a fait des compliments à Mme de Castries, le Roi ayant dit au cardinal de Bonzi : « Sans la fermeté de votre neveu, l’infanterie étoit perdue ; il a fait des merveilles. » Vous pouvez penser comme on est sensible à ces louanges. Adieu, ma belle. J’ai dit à M. de Pompone que vous étiez jalouse de l’immortelle vie de Monsieur d’Angers[1] il me conta la vivacité de ce prélat, qui, hormis la vue, est encore tout en vie[2]à quatre-vingt-douze ans passés. Un abbé de la Mothe archidiacre , celui qui avoit condamné

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    Sous le maréchal de Duras, dans le pays de Cologne’’) s’était porté à Neuss (ou Nuys) avec douze ou treize cents chevaux. A peine la colonne avait-elle quitté cette ville, le 12 mars, que trente escadrons des troupes de Hollande et de Brandebourg parurent tout à coup, fondirent sur la cavalerie française très-inférieure en nombre, la dispersèrent, et chargèrent ensuite avec furie l’infanterie découverte. Sans la fermeté du marquis de Castries et des grenadiers de son régiment, qui se dévouèrent pour le salut de leurs camarades, toute cette infanterie était prise ou tuée mais grâce à ces héros d’arrière-garde, elle put rentrer à Neuss sans trop de désordre ni de pertes. Cependant elle n’était sauvée qu’à demi ; l’habileté de de Castries la sauva tout à fait dès la nuit suivante, profitant de la fatigue et de la confiance même de l’ennemi victorieux, il sortit en silence, déroba sa marche, évita les plaines, choisit les hauteurs et les chemins boisés, conduisit enfin sa retraite avec tant de méthode et de succès, que, deux jours après, l’intelligent et brave colonel rentrait dans Bonn avec ces régiments de Castries et de Provence que tout le monde avait jugés perdus. (Histoire de Louvois, par M. Rousset, tome IV, p. 169 et 170.) Voyez aussi sur l’affaire de Nuys le Journal de Dangeau, aux 17, 18 et 21 mars 1689. La guerre avait été déclarée le 24 janvier par la diète de Ratisbonne.

  1. 15. Henri Arnauld.
  2. 16. Se porte très bien (Edition de 1754.)
  3. 17. Coquart de la Mothe, chanoine de Notre-Dame et archidiacre de Josas. C’était là le titre d’un des trois archidiacres de Paris : le premier s’appelait le grand archidiacre de Paris ; le second, l’archidiacre de Josas, nom d’un village aux environs de Versailles, où s’étendait cet archidiaconé ; le troisième, l’archidiacre de Brie. Voyez le Mercure de mars 1689, p. 313 et 3i1. Dangeau annonce la mort de l’abbé de la Mothe au 19 mars, et ajoute : « Il avoit été auprès de feu