Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/553

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la noblesse de mon pays, mais que je lui offrois de le suivre[1]M. de Pompone, à qui j’avois adressé ma lettre, me manda que le Roi lui avoit dit qu’après les grands postes que j’avois tenus à la guerre, il n’entendoit pas que je grossisse les arrière-bans et à ce propos je vous dirai ce qui arriva ici il y a quatre jours.

M. de Toulongeon ayant fait imprimer deux cents lettres, par lesquelles il convoquoit la noblesse de son bailliage, il les signa, en chargea le greffier du bailliage pour y mettre les suscriptions et pour les faire tenir, et s’en retourna chez lui. Ce fat de greffier m’adressa une de ces lettres, et voici ce que je lui écrivis :

« Monsieur le greffier, votre ignorance me fait vous excuser de m’avoir adressé une lettre d’arrïère-ban ; mais afin que vous ne fassiez plus à l’avenir de pareilles bévues, il est bon de vous apprendre que les gens comme moi ne vont plus à la guerre que pour commander des armées. Jugez par là combien vous vous êtes équivoqué[2] et combien mon frère de Toulongeon vous laveroit la tête, s’il savoit votre méprise. »

Cette lettre est devenue publique à Autun, et a fait reparler de la lettre de M. de Roussillon[3] A propos de lui, son fils vient de mourir : je crois que cela lui fera des affaires avec Mme de la Boulaye,[4] sa belle-mère.

Mais pour revenir aux arrière-bans, Madame, M. de Sévigné a été bien heureux d’avoir été choisi par la noblesse de son pays pour la commander car il avoit beau vouloir être anachorète, il falloit qu’il marchât à l’arrière-ban comme un gentilhomme qui ne seroit jamais sorti de son pays, et cela lui eût été bien désagréable. Je

  1. 6. Voyez la Correspondance de Bussy, tome II, p. 444 et 445, et p. 395.
  2. 7. S’équivoquer, se tromper, se méprendre.
  3. 8. Voyez la lettre du 21 août 1681, tome VII, p. 167 et 168.
  4. 9. Voyez la lettre du 19 août 1684, tome VII, p. 164, note 2.