Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/554

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me réjouis de ce choix, et je ne comprends pas comment il faisoit tant le difficile là-dessus.

La fortune a beau élever Lauzun, elle lui donneroit, avec l’ordre de la Jarretière et celui du Saint-Esprit, encore celui de la Toison, que je n’en penserois jamais que ce que j’en pense. Cette folle ne sait pourquoi elle l’élève, et moi je sais bien pourquoi je le méprise[1] Vous avez raison, Madame, de dire que ma philosophie chrétienne est une vraie richesse il est certain que je ne saurois être pauvre, ne voulant que ce que Dieu veut : je suis riche de ma modération.

A CORBINELLI

L’AMITIÉ que vous avez pour moi, Monsieur, vous fait trouver ce que je fais meilleur que les autres ne le trouvent. La postérité verra peut-être mes mémoires, mais je ne suis pas assez bien informé pour écrire d’autres histoires, et j’aime trop la vérité pour ne pas craindre de ne la pas apprendre exactement aux siècles à venir. La réponse de l’Anglois à son ami l’Irlandois est un fort bel éloge pour le Roi, et cet Anglois a bien de l’esprit. J’ai grand’peur, pour l’intérêt du roi d’Angleterre, que je lui rende visite à Saint-Germain cette année[2] Au reste, Monsieur, .Mme de Sévigné s’en allant en Bretagne cet été, Mme de Coligny dit que vous devriez bien en venir passer une partie avec nous.

  1. 10. Il y a ici dans notre manuscrit une phrase écrite en interligne, puis biffée avec tant de soin qu'elle est illisible.
  2. 11. Jacques II ne revint à Saint-Germain qu'près la bataille de la Boyne, livrée au mois de juin 1690.