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souvenir, que ce fut un chamaillis[1] de petits verres, qui faisoit assez voir que cette liqueur venoit de chez vous. Vous n’avez point de bons poissons, ma chère enfant, dans votre mer; je m’en souviens, je ne reconnoissois pas les soles ni les vives je ne sais comment vous pouvez faire le carême; pour moi, je ne m’en sens pas. M. de Lamoignon, avec sa néphrétique, n’a pas pensé à manger gras.Voici un temps, ma chère enfant, où je n’entends plus rien: quand il me déplaît, comme à présent, et que j’en désire un meilleur, [2]et puis quand je pense à ce que je pousse, et à ce qu’il m’en coûte quand il passe.[3], et sur quoi cela roule, et où cela me pousse moi-même, je n’en puis plus, et je n’ose plus rien pousser[4], je n’en puis plus et je laisse tout entre les mains de Dieu[5] : je ne trouve de soutien et d’appui, contre le triste avenir que je regarde, que la volonté de Dieu et sa Providence : on seroit trop malheureux de n’avoir point cette consolation: Si vous connaissiez le don de Dieu; je me souviens de la beauté de ce sermon[6] J’en entendis un beau ce jour-là du

    en 1672, et au président de Berbisy en 167S: voyez tome II, p. 53y et note 9; tome IV, p. 296 et 343.

  1. 31. Mêlée et cliquetis. « Ancien terme militaire. Espèce de joute en champ clos où tous les combattants se confondaient en frappant à, droite et à gauche. » (Dictionnaire de M. Littré.)
  2. 32. « Un autre meilleur, » (Édition de 1754.)
  3. 33. « Et puis quand je pense à ce qu’il m’en coûte lorsqu’il passe, » (Ibidem.)
  4. 34. Comparez le commencement de la lettre du 10 janvier précédent, p. 396.
  5. 35. « Je n’en puis plus , et je laisse tout cela entre les mains de Dieu » (Ibidem.)
  6. 36. Le sermon de Bourdaloue sur la Grâce a pour texte ces paroles de Jésus-Christ à la Samaritaine : Si scires donum Dei (Évangile de saint Jean, chapitre IV, verset 10). Voyez le sermon du vendredi de la troi-