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tables : c’est ce qui nous tue. Cette lettre a été reçue, et ce n’est pas la faute de votre pauvre ami, ni la vôtre, si elle ne vous attire pas des justices et des grâces. Il est vrai que vos malheurs, quoique très-grands, sont au-dessous de votre courage.

Je n’avois retenu de dates que l’année de ma naissance et celle de mon mariage ; mais sans augmenter le nombre, je m’en vais oublier celle où je suis née, qui m’attriste et qui m’accable, et je mettrai à la place celle de mon veuvage, qui a été assez douce et assez heureuse, sans éclat et sans distinction ; mais elle finira peut-être plus chrétiennement que si elle avoit eu de plus grands mouvements(8).; et c’est en vérité le principal.

Adieu, mon cher cousin, et je finis en vous embrassant et cette chère Coligny. Si nous sommes assez heureux pour vous revoir ici, nous en aurons une véritable joie, et nous vous ferons demeurer d’accord que si quelquefois

       Un peu d’absence fait grand bien,

quelquefois aussi

       Beaucoup d’absence fait grand mal.

La belle Provençale est contente(9) et ravie que vous l’ai-

8.Il y a évidemment ici une faute (voyez Walckenaer, tome II, p. 428). Ou bien Bussy aura sauté, dans sa copie, quelque membre de phrase se rapportant non pas seulement l’année du veuvage, mais à la vie entière de Mme de Sévigné ; ou bien Mme de Sévigné elle-même, après avoir employé les mots année et veuvage, aura par inadvertance mis le masculin au lieu du féminin. Si cette seconde conjecture est fondée, il faudrait lire : « qui a été assez doux et assez heureux ;… mais il finira… que s’il avoit eu. » Ce paragraphe a été omis dans l’édition de 1697 et dans les suivantes, jusqu’à celle de 1818. 9.Bussy avait d’abord écrit « toute contente », puis il a biffé toute.