Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/110

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vous embrasse de tout mon cœur, je n’oserois dire M. de Grignan, car je n’ai pas encore mis tout à fait l’honneur sous les pieds.

DE MADAME DE SËVIGNÉ.

JE voulois vous dire que je trouve fort bon ce que vous écrit ma belle-fille ; mais, ma chère enfant, je reçois présentement [1]2otre lettre du 18è, qui étoit demeurée à Vitré, quoique arrivée sans doute avec celle du 16è. Cette lettre m’apprend l’arrivée de Monsieur le chevalier avec un mauvais visage, ne se soutenant point du tout, une poitrine malade ; et savez-vous ce que j’ai fait en lisant cette lettre ? J'ai pleuré comme vous tous car je ne soutiens pa une telle idée, et j’y prends un intérêt sensible, comme si j’étois de la vraie famille[2]. J’espère que l’air et le repos le remettront en meilleur état; vos soins ont accoutumé d’avoir du succès je le souhaite de tout mon cceur, et je vous conjure de l’en assurer. Dites-moi dans quelle chambre vous l’avez mis, afin que je lui fasse des visites 26. Que je plains Pauline et Mme de Rochebonne d’avoir été à Aubenas pendant que vous étiez à Avignon ! quelle horrible différence ! Ne partagez point votre reconnoissance sur la victoire du grand conseil : en vérité, Monsieur le chevalier et la considération qu’on a pour lui et vos amis ont tout fait ; vous êtes trop bonne de vouloir me donner la joie d’y avoir fait mon personnage. Je


26. Comparez la lettre du 17 juin i685, tome VII, p. 407 et 408. La lettre finit ici dans l’édition de 1737, ou du moins on n’y lit plus que la dernière phrase : « J’embrasse, etc. »
  1. 24. « …ma belle-fille. Je reçois dans ce moment, etc. » (Édition de 1754.) La suite est ainsi abrégée dans l’édition de 1787 : « votre lettre du 18è, qui me dit l’arrivée, etc.  »
  2. 25. « J’ai pleuré comme vous tous; je ne soutiens pas une telle idée, et je prends un intérêt sensible au chevalier, comme si j’étois de sa vraie famille. » (Édition de 1754-)