Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/115

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moi, est-ce Mme de Simiane de Vauréas[1], ou la présidente que vous avez avec vous ? Parlez-moi sans cesse de tout cela, et des faits et gestes de Monsieur d’Arles dans la quatrième des enquêtes, sans préjudice de ce que Rochon m’en dira ; toutes ces choses composent mon vrai moi. J’ai été encore ravie d’entendre parler d’Avignon par Martillac, et de vos réponses aux harangues. Mon Dieu, ma fille, que dites-vous ? Vous croyez donc que le Roi ou la province donne quelque chose à mon fils pour nourrir et instruire cette noblesse ? Rien du tout, je vous assure : encore trop d’honneur.

Ne soyez point en peine de la lettre que vous avez écrite à Mlle Descartes : elle l’admire et la cache comme une personne qui a bon esprit, et qui sait les conséquences d’une telle confidence ; je vous réponds qu’elle n’en parlera jamais qu’à un fort honnête homme, qu’elle appelle son maitre, et qui est aussi discret qu’elle.

AU CHEVALIER DE GRIGNAN. `

J’ai eu une sensible joie, Monsieur, au milieu du chagrin que me donne votre mauvaise santé, de voir de votre écriture : je vous remercie de cette complaisance, et je vous trouve bien mieux [2] que vous me mandez, que par les relations de ma fille. J’avois encore cette ressource, comme vous dites : c’est qu’elle est si troublée des maux de ceux qu’elle aime (Ibidem.)[3] ", qu’elle n’en peut parler qu’avec des sentiments qui font une tristesse incroyable. Je veux donc espérer que l’air natal, une si bonne compagnie, et Balaruc, vous remettront en meilleur état ; je

  1. 9. Sur Mme de Simiane de Vauréas, voyez tome II, p. 259, note 10.
  2. « …de cette complaisance ; je vous trouve mieux, etc. » (Èdition de 1754.)
  3. « Si touchée des maux des personnes qu’elle aime. »