Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/117

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ni un sot, ni un enfant; et s’il a pris de la hardiesse dans ses manières ordinaires, que nous trouvions trop mo- destes, et qu’il se soit mis dans le train de parler, il ne lui manque plus rien; enfin, Dieu le conserve! voilà ma chanson ordinaire. Il me parott, par un billet que Rochon vient de m’écrire, que Monsieur d’Arles ne manque pas d’affaires. Les ennemis qu’il est obligé de combattre sont de ses amis c’est Mme Talon qui fait que M. Talon nous traîne en longueur, à la prière de Mme de Bury; mais si cela va plus loin, Monsieur d’Arles s’en plaindra au Roi; l’autre est Mme de la Faluère au cas que transportée de l’amour dç Mme de Bury, elle se relâchât, en faveur de son amie, du personnage qu’elle doit faire, ce prélat démêlera bien tout cela. Le bon Rochon me prie fort de croire que tout ira bien. Je conviens que M. Gui ne parla point mal au grand conseil mais aussi je trouvai, sans prévention, que la vérité toute pure paroissoit bien plus dans le discours de Rochon et cela est si vrai, que si Monsieur le chevalier s’en souvient, il vous pourra dire que nous fûmes au désespoir de n’être pas jugés sur-le-champ et tout chàudemen t c’étoit signe que nous étions persuadés qu’il avoit laissé les juges dans de bonnes dispositions, et que nous avions peur qu’elles ne fussent refroidies le lendemain; mais Dieu voulut nous donner le plaisir de cette victoire je ne l’oublierai jamais je la souhaite aussi complète à Monsieur d’Arles.

Nous faisons toujours la même vie, et je m’accommode mieux que je n’eusse jamais cru d’être trois et quatre heures toute seule. J’étois si agréablement accoutumée avec vous, ma très-aimable, et avec mes an3. Voyez tome V, p. 376, note 8.

3. Voyez la lettre du 14 mars précédent, tome VIII, p. 5ai.

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