Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/118

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ciennes amies, que j’avois oublié que je susse faire de la prose ; je suis ravie de m’apercevoir que j’en fais fort bien. J’ai commencé un livre de piété, que je trouve qui en fait encore mieux que moi ; il est d’un M. Hamon[1], de Port-Royal, qui étoit un vrai saint, et qui a puisé dans les plus pures sources tout ce qu’il nous donne : c’est un Traité de la prière perpétuelle, joint à quelques autres traités. Ce que j’en ai lu m’a paru admirable ; la préface est de bon lieu[2], et l’approbation des trois docteurs est un éloge : quand ce livre vous viendra, recevez-le bien ; Monsieur de Grignan en sera content au dernier point. Je conjure Monsieur le chevalier de me dire un mot de Pauline ; je souhaite qu’elle lui plaise. Comment Monsieur de Carcassonne s’accommode-t-il de ce frère dont il écrivoit des choses si plaisantes ? Qu’a-t-il résolu sur son bâtiment ? Pourvu qu’il mette la bise de son conseil, je suis très-assurée qu’il y aura bientôt un troisième étage[3]. J’ai ri encore de la vision de cet équi-

  1. 4. Jean Hamon, médecin célèbre, et l’un des meilleurs écrivains de Port-Royal (né vers 1617 à Cherbourg) mort le 22 février 1787. Voyez son éloge, et son épitaphe, p. 95 et suivantes du Nécrologe de Port-Royal des Champs, édition de 1723, Amsterdam. (Note de Perrin.) Voyez le Port-Royal de M. Saint-Beuve, notamment tome IV, p. 182 et suivantes.-- Il parut cette année même (1689) trois volumes de Hanon, intitulés Traités de pieté. Dans le second de ces volumes, dont l’Achevé d’imprimer est du 29 mars 1689, se trouve le Traité de la prière continuelle.
  2. 5. Elle était probablement de Nicole, intime ami de l’auteur. Nicole, dit M. Sainte-Beuve (Port-Royal, tome IV, p. 388), « revoyait et corrigeait pour le style les ouvrages de M. Hamon. » L’approbation, qui est signée de deux curés de Paris et d’un de Saint-Denis, contient un long éloge du livre et de l’auteur : « Tout, dit-elle, y est profond sans obscurité, solide sans dureté, élevé sans faste, simple sans bassesse, riche sans somptuosité. Ces écrits ont été faits par un homme de bien, fortement pénétré des vérités qu’il enseigne, etc. »
  3. 6. La façade des Prélats, au château dé Grignan, n’a que deux