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1196. --DE MADAME DE SÉVIGWÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce dimanche 17è juillet.

J’ai[1]reçu enfin la réponse sur le bien de M*** ! elle est en vérité un peu trop sincère[2]. Si on avoit toujours donné de pareils mémoires, quand il a été question de mariages, il y en a bien au monde qui ne seroient pas faits. Des dettes en quantité, des terres sujettes à la taille, de la vaisselle d’argent en gage : bon Dieu ! quels endroits Mais que sont devenus tous ces beaux meubles, ces grands brasiers, ces plaques[3] ce beau buffet, et tout ce que nous vîmes à M***[4] ? Je crus que c’étoit une illusion, et je vois que je ne me trompois pas : il faut que les affaires de M*** se sentent du temps, comme celles de tout le monde.

Votre vie me fait plaisir à imaginer, ma chère Comtesse, j’en réjouis mes bois. Quelle bonne compagnie ! quel beau soleil ! et qu’avec une si bonne société il est aisé de chanter

On entend souffler la bise :

Eh bien !laissons-la souffler !

Vous souffririez plus impatiemment la continuation de nos pluies ; mais elles ont cessé, et j’ai repris mes tristes et aimables promenades. Que dites-vous, mon enfant?

  1. LETTRE 1196.-- . Ce premier alinéa ne se trouve que dans l’édition de 1754.
  2. . Voyez la lettre précédente, p. 114-
  3. 3.« Plaque se dit d’une pièce d’argenterie ouvragée, au bas de laquelle il y a un chandelier, qu’on met dans les chambres, pour les parer et pour les éclairer. On avoit autrefois des plaques d’argent magnifiques, mais l’usage en est presque perdu. On faisoit aussi des plaques avec des glaces de miroirs, » (Dictionnaire de Furetière, 1690.)
  4. Marignanes est â cinq lieues ouest d’Aix en Provence.