Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/126

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Quoi ? vous voudriez qu’ayant été à la messe, ensuite[1] au dîner, et jusqu’à cinq heures à travailler, ou à causer avec ma belle-fille, nous n’eussions point deux ou trois heures à nous ! Elle en seroit, je crois, aussi fâchée que moi ; elle est fort jolie femme, nous sommes fort bien ensemble, mais nous avons un grand goût pour cette liberté, et pour nous retrouver ensuite[2]. Quand je suis avec vous, ma fille, je vous avoue que je ne vous quitte jamais qu’avec chagrin, et par considération pour vous ; avec toute autre, c’est par considération pour moi. Rien n’est plus juste, ni plus naturel, et il n’y a point deux personnes pour qui l’on soit comme je suis pour vous : ainsi laissez-nous un peu dans notre sainte liberté7. Voyez plus haut, p. 96. je m’en accommode, et avec des livres le temps passe, en sa manière, aussi vite que dans votre brillant château. Je plains ceux qui n’aiment point à lire. Votre enfant est de ce nombre jusqu’ici; mais j’espère, comme vous, que quand il verra ce que c’est que l’ignorance à un homme de guerre[3], qui a tant à lire des grandes actions des autres, il voudra les connoître, et ne laissera pas cet endroit imparfait. La lecture apprend aussi, ce me semble, à écrire. Je connois des lieutenants généraux[4] dont le style est populaire ; c’est pourtant une jolie chose que de savoir écrire ce que l’on pense ; mais c’est quelquefois aussi que ces gens-là écrivent comme ils pensent et comme ils parlent, tout est complet. Je crois que le marquis écrira bien[5]: il y a longtemps que je veux qu’il vous aille voir

  1. 5. Le mot ensuite manque dans l'édition de 1754.
  2. 6. «  et pour nous retrouver après.(Édition de 1737.)
  3. 8. « Que voyant ce que c’est que l’ignorance, surtout à un homme de guerre, etc.  » (Édition de 1754.)
  4. 9. « Des officiers généraux. » (Ibidem.)
  5. 10. Ce qui suit, jusqu’à la fin de l’alinéa, manque dans l’édition de 1737.