Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/134

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tendent le chevalier de Tourville[1], qui doit se joindre à eux, et qui doit composer les soixante vaisseaux qui font notre puissance : mais il y a plus de soixante vaisseaux anglais et hollandois dans une île nommée Ouessant, à huit lieues de Belle-Ile, qui veulent empêcher la jonction. Vous jugez bien, ma fille, de quelle importance est cette affaire. M. de Seignelai me paroît comme Bacchus jeune et heureux qui va conquérir les Indes. On dit que le pape est bien malade[2]. M. de Lavardin est arrivé à Paris[3]; il craint de s’en retourner; et moi je crains autre chose [4] ma chère enfant, il faut être préparé à tout; Dieu donne et ôte comme il lui plaît.

Jeudi.
Ces bons gouverneurs m’ont reçue à bras ouverts : nous avons soupe[5] hier chez M. de Pommereuil, avec quelques femmes, et Revel, et d’autres ; nous y dînons encore aujourd’hui ; ainsi l’a ordonné Monsieur le commissaire du Roi[6] Mme de Chaulnes a appelé cela un arrêt du



  1. 14. Tourville entra dans la rade de Brest le 30 juillet.
  2. 15. Voyez la Gazette du 23 juillet et du 6 août, p. 358 et p. 381.
  3. 16. Le 16 juillet. Voyez encore la Gazette du 23, p. 364.
  4. 17. On sait pourquoi Mme de Sévîgné craignoit la restitution du Comtat Venaissin. (Note de Perrin.)
  5. 18. «  Nous soupâmes.  » (Édition de 1754.) -L’édition de 1737 ne donne pas les mots « avec quelques femmes, et Revel, et d’autres. »
  6. 19. Les commissaires du Roi aux états de Bretagne étaient nombreux (le gouverneur, les deux lieutenants généraux, les deux commissaires du conseil, etc. voyez la Correspondance administrative sous Louis XIV, tome I, p. 463). Ici c’est Pommereuil que Mme de Séyigné désigne, sans doute comme le premier des commissaires en capacité et en autorité : il venait d’être envoyé avec le titre d’intendant, titre nouveau dans la province : voyez tome IV p. 259, note 2, et ci-après, p. 169.