Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/141

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cacher, cela tue tout ce qui va chez Mme de Chaulnes vient ici ; on n’a pas un moment, cela m’échauffe : ne les priez point de me tirer de ma solitude ; je serois malade de faire longtemps cette vie. Les Rochers sont tranquilles et tout propres à vous conserver votre chère mère pour vous revoir : on est accablé ici. On n’a point encore séparé ce régiment de noblesse, de sorte que mon fils ne reviendra point avec nous. Je songeai, en le voyant assez joli à la tète de ces escadrons, comme Baptiste disoit[1] d’un air qu’il avoit fait pour un opéra et qu’on chantoit à la messe : « Seigneur, je vous demande pardon, je ne l’avois pas fait pour vous. » --Messieurs de l’arrièreban, je ne l’avois pas fait pour vous. Vous ne m’avez* rien dit de la santé de Monsieur le chevalier ; c’est lui qui m’a fait ce petit conte de Baptiste[2]. Adieu, mon enfant, vous savez combien je vous aime : mon Dieu, que voilà qui est simple et ordinaire, pour expliquer quelque chose de si peu commun et de si rare !

1200.-- DE MADAME DE SÉVIGNÉ,ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

A Rennes, ce lundi 2è juillet.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

JE pars demain à la pointe du jour, avec M. et Mme de Chaulnes, pour un voyage de quinze jours : voici, ma

  1. 20. Comme Lully disoit. » (Édition de 1737.) A la même ligne, l’impression de 1754 donne : « pour l’Opéra, »
  2. 21. « De Lully. » (Édition, de 1737.) Après ces mots, L’édition de 1737 donne simplement, pour terminer la lettre : « Adieu, ma chère fille. »