Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/144

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-passoit ; je le sus peu de temps après; et indépendamment de ce qu’ils veulent faire tomber sur moi cette année, s’ils en sont lès maîtres, il étoit Impossible de manquer à cette complaisance, sans manquer en même temps à tous les devoirs de l’amitié et de l’honnêteté : de sorte que je vous prie de l’en bien remercier, ainsi que j’ai fait[1]; Mme de Chaulnes a des soins de sa santé qui nous doivent mettre en repos.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

JE reçois votre lettre du 1è ; elle est trop aimable, et trop jolie, et trop plaisante[2]. J’ai ri toute seule de l’embarras de vos maçons et de vos ouvriers. J’aime fort la liberté et le libertinage de votre vie et de vos repas, et qu’un coup de marteau ne soit pas votre maître. Mon Dieu que je serois heureuse de tâter un peu de cette sorte de vie avec une telle compagnie! rien ne peut m’ôter au moins l’espérance de m’y trouver quelque jour. Comme cette partie dépend de Dieu, je le prie de le vouloir bien, et je l’espère. Je n’eusse jamais cru que le beurre dût être compté dans l’agrément de vos repas ; je pensois que vous fussiez en Bretagne[3]. Mais je ne veux jamais oublier la raison qui fait que vous mangez tant que l’on veut ; c’est que vous n’avez point de faim : Je mangerai tant que l’on voudra, car je n'ai plus de faim ; je vous remercie de cette phrase. Je vous assure que je suis bien lasse des grands repas : Je mangerois tant que l’on voudroit, s’il n'y avoit rien à manger : voilà celle que je vous rends. Hélas !je suis bien loin de la tristesse

  1. 8. Les mots « ainsi que j’ai fait, » manquent (Sans l’édition de 1737.
  2. 9. Les mots « et trop plaisante,» et la phrase suivante, manquent encore dans l’édition de 1737.
  3. 10. « Qu’il falloit que vous fussiez en Bretagne. » (Édition de 1754.)