Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l42

1689

qu’elle savoit véritable, sur l’argent que cette chicane avoit coûté, sur la plainte qu’elle faisoit qu’on avoit étranglé son affaire après vingt-deux vacations, sur la délicatesse de cette conscience, sur cette opiniâtreté contre l’avis de ses meilleurs amis. M. de la Faluère m’écoutoit avec attention et sans ennui : je vous en réponds. Sa femme est à Paris. Ensuite on dina, on fit briller le vin de Saint-Laurent[1], et en basse note entre M. et Mme de Chaumes, l’évêque de Vannes et moi, votre santé fut bue, et celle de M. de Grignan, gouverneur de ce nectar admirable : enfin, ma fille, il est question de vous à l’autre bout du monde. Nous vîmes une fort jolie fille qui feroit de l’honneur à Versailles ; mais elle épouse M. de Querignisignidi, fort proche voisin du Conquêt[2]11, et fort loin de Trianon. M. de Revel est parti ce matin pour aller voir Brest, qui est présentement la plus belle place qu’on puisse voir. Il verra[3] M. de Seignelai dans son bord, M. le maréchal d’Estrées sur le pavé des vaches à Brest ; il admirera l’armée navale, la plus belle qu’il est possible ; il partagera l’impatience de l’arrivée du chevalier de Tourville ; il apprendra au juste le nombre des vaisseaux de nos ennemis à l’île d’Ouessant, et reviendra dans quatre jours, content de sa curiosité, et nous disant tout ce qu’il aura vu ; ce sera de quoi dévider[4]Mme de Chaulnes sort d’ici elle va vous écrire. Outre le plaisir que je lui fais, elle a celui de croire qu’elle vous

  1. 10. Voyez tome VIII, p. 557, 558 et note 3
  2. 11. Le Conquêt est situé au fond de la Bretagne,.dans un endroit appelé le bout du monde, ad fines terrae. (Note de Perrin, 1754.) C’est l’extrémité du département du Finistère.
  3. 12. « II trouvera. » (Édition de 1754.)
  4. 13. Voyez la-lettre suivante, p. 147, note 10. Tourville arrivait à Brest le jour même où Mme de Sévigné écrivait cette lettre.