Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/151

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c’est son affaire : s’il est le maître, et que ce soit la fête de la noblesse de Bretagne, comme il semble que cela doit être, et non pas d’un courtisan, cela tombe droit sur mon fils[1] .

Rien ne peut égaler les soins que ces gouverneurs ont de ma santé, et les marques d’estime et de distinction[2] j’en suis quelquefois embarrassée. Cette heureuse arrivée du chevalier de Tourville à Brest nous fera retourner tout droit à Rennes, et puis aux Rochers ; je vous avoue que je le souhaite avec passion, et que si ma santé n’étoit pas à l’épreuve, elle seroit fort ébranlée par cette sorte d’agitation. J’espère qu’après avoir eu peur de la solitude des Rochers, et avoir été cause qu’on m’en a tirée, vous ferez qu’on m’y remette[3] pour passer le reste de l’été, qui est la belle saison de ces bois[4] où selon les apparences je ne passerai jamais que celle-ci. Tout cela doit être dit en badinant ; mais appuyez sur la reconnoissance des attentions qu’ils ont pour moi. J’admire, ma fille, que de deux cents lieues loin, c’est vous qui me gouvernez.

Quittons la Bretagne, et[5] parlons de Grignan, parlons de ces frères qui reviennent toujours au gîte. Ce qui m’étonnoit, c’est que le Carcassonne en fût sorti : toute cette colère étoit enfantine, et lui faisoit dire des choses que le marquis ne diroit pas. Monsieur le chevalier les

  1. 4. Charles de Sévigné n’eut pas la députation voyez au tome I la Notice, p. 282 et suivantes.
  2. 5. « Ni les marques d’estime et de distinction que j’en reçois. » (Édition de 1754.)
  3. 6. « Il faut qu’après avoir eu peur. vous soyez cause qu’on m’y remette, etc. » (Ibidem.)
  4. 7. Ce qui suit les mots de ces bois, jusqu’à la fin de la phrase, n’est pas dans l’édition de 1737.
  5. 8. Les mots « Quittons la Bretagne, et, » ne sont pas non plus dans l’impression de 1737.