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1212. DE MADAME DE SÉVIGNÉ


MADAME DE GRIGNAN

Aux Rochers, dimanche 4è septembre.

ASSURÉMENT, ma fille, je faisois la mystérieuse : M. de Chaulnes nous avoit confié son secret en secret; M. de Croissi lui mandoit de n’en point parler encore : ainsi je lui gardai fidélité jusqu’en Provence. Je soulignai pourtant, ce me semble, quelques mots qui devoient vous faire entendre que je vous en dirois davantage à la première occasion. Je vous mandai aussi comme nous trouvâmes notre mystère tout étalé à Vannes, et combien cela nous parut plaisant. Je vous ai conté la joie de M. de Chaulnes ; je vous ai dit que sa femme, fermant la porte à ce point de vue si brillant, ne l’ouvrit qu’à la crainte qu’un si grand voyage ne fût malheureux à la vie de son mari ; nous fîmes nos efforts pour la détourner de cette triste vue, et pour l’attacher à la beauté et à la distinction de ce choix si bien marqué par la lettre du Roi, et qui feroit tant de jaloux à Versailles. Enfin nous épuisâmes nos rhétoriques, Revel et moi ; M. de Chaulnes nous soutenoit. Ceux qui disent qu’il balança ne le connoissent guère : c’est un homme qui ne sait pas faire les choses de mauvaise grâce, ni marchander avec son maître. Voici, en vérité, la réponse qu’il lui fit ; je crois que ma mémoire pourra bien faire cet effort : « Sire,

LETTRE 1212. 1. « II est vrai que je faisois la mystérieuse. » (Édition de I754.)

2. Sans doute les mots : dont vous entendrez parler, vers la fin de la lettre du 12 août précédent, p. 160.-- «Je vous en dis pourtant assez pour vous faire entendre de quoi il étoit question. Je vous mandai comme nous trouvâmes, etc. » (Édition de 1737.)

3. « Son épouse. » (Ibidem.)

4. « De M. de Chaulnes. » (Édition de 1754.)