Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/195

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par être trop court. Pour mon fils et sa femme, ils sont ravis de passer ici jusqu’au carême avec moi : en ce temps-là j’irai à Rennes par complaisance pour eux, et parce que ce temps est plus triste que l’hiver à la campagne :peut-être que ce projet changera, il ne faut point [1] voir de si loin. Ce qui est sûr, ma fille, c’est que l’air d’ici est fort bon ; vous lui faites tort de le croire mauvais. Il fait depuis plus de deux mois le plus beau temps du monde, des chaleurs dans la canicule, un mois de septembre charmant, point de vos cruelles bises qui font trembler Canaples et votre château. J’espère pourtant bien y trembler comme les autres.

Je ne sais où nous en sommes de notre députation[2]: mon fils dit que son malheur tue le pape pour nous ôter M. de Chaulnes ; et quand, au sortir du cabinet du Roi, ce duc dit à M. de Lavardin, qui venoit tenir nos états : « Monsieur, je vous prie que M. de Sévigné ait la députation, le même malheur fait que ce n’est plus M. de Lavardin qui les tient, et que c’est M. le maréchal d’Estrées. M. de Lavardin étoit ravi d’avoir cette commission, et d’obliger mon fils : il y avoit bien de l’apparence que M. de Chaulnes en avoit prévenu le Roi, puisqu’il parloit si librement à M. de Lavardin. Mais le maréchal écrivit à Sa Majesté pour se plaindre qu’elle lui ôtoit[3]13 la principale fonction du commandement, et qui étoit[4]

  1. 11. « Ils sont ravis d’être ici avec moi jusqu’au carême :je me propose alors d’aller à Rennes par complaisance pour eux, et parce que le temps du carême est plus triste à passer à la campagne que l’hiver ; mais comme les choses peuvent changer, il ne faut point, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 12. Nous avons déjà dit que Charles de Sévigné ne l’eut point. Voyez la Notice, p. 282 et suivantes.
  3. 13. «  et d’obliger mon fils. Ce maréchal avoit écrit au Roi, pour se plaindre qu’il lui ôtoit, etc. » (Édition de 1737.)
  4. 14. « laquelle était…. »