Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/24

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vaut son prix aussi. Amusez-vous avec ces jolies femmes, et conservez toujours une santé qui réjouit et donne l’espérance à tout notre sang.

Je ne sais ce que nos cousines allemandes auront résolu[1] On dit que la paix du Turc avec l’Empereur n’est pas faite, et que le roi de Pologne veut faire la guerre à celui-ci; si cela est, les bords du Rhin seront libres [2] Dieu nous préserve voilà bien des guerres en l’air. J’embrasse ma chère nièce, et vous recommande toujours l’un à l’autre. Je vous conjure de faire mes adieux à Monsieur d’Autun, je n’ai pas l’esprit de lui écrire; je l’honore et je l’estime toujours; répondez pour moi, mon cher cousin.

DE CORBINELLI.

JE suis si chagrin, Monsieur, de voir partir Madame votre cousine, que si je voulois vous écrire une longue lettre, ni vous ni moi n’y comprendrions rien. Il vaut mieux que je coupe court, et que je me contente de vous dire que l’amitié a ses peines aussi bien que l’amour, et que sur ce chapitre je voudrois dire comme Mlle de Scudéry a dit sur celui-ci

Vivre avec son Iris dans une paix profonde,

Et ne compter pour rien tout le reste du monde. Je[3] vous dirai seulement que j’ai reçu et admiré vos

  1. 5. Voyez les lettres du 16 et du 23 mars 1689, tome VIII, p. 531 et p. 545.
  2. 6. «  L’Empereur a envoyé des ordres pour faire remarcher en Hongrie les troupes qui étoient en marche vers le Rhin, et l’on commence à croire que la paix avec les Turcs ne se fera pas cette année. (Journal de Dangeau, 7 avril 1689. Voyez plus haut, p. 15, note 5. »
  3. 7. Toute la suite de la lettre, à partir d’ici, manque dans le manuscrit. Elle a paru pour la première fois dans la seconde partie des Nouvelles lettres de Bussy (1709, p. 373), sons la date du 15 avril.