Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/245

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y avez vu encore M. de Broglio[1]. Je crois notre Revel le César, et Broglio le Laridon négligé[2]. Ils n’ont pas toujours été bien ensemble. Monsieur le chevalier ne les a-t-il pas vus tous deux dans les chaînes de Melle du Bouchet ? Broglio étoit un si furieux amant, qu’il fut une des raisons qui la jetèrent aux Carmélites.

Au reste, ma belle, nous ne sommes plus fâchés contre nos bons gouverneurs ; j’en suis ravie ; j’étois au désespoir qu’ils eussent tort. Il est certain, du consentement de tous nos amis[3], que ce duc ne put pas dire un seul mot au Roi, ni de Bretagne, ni de députation, qui n’eût été mal placé : Rome occupoit tout. Il parla à M. de Lavardin, il a écrit au maréchal d’Estrées ; Mme de Chaulnes a dit à M. de Croissi tout ce qui se peut dire, et rien n’est plus aisé à comprendre que l’envie qu’ils avoient l’un et l’autre de réussir ; mais nous n’y pensons plus et si par hasard la chose revenoit à nous, elle nous paroîtroit miraculeuse. Ce[4] n’est pas le plus grand mal que me cause la mort du pape : je suis véritablement affligée, quand je pense à la perte que vous allez faire par cette mort.

Je vous remercie, ma fille, de me mettre si joliment de votre société en me disant ce qui s’y passe : rien ne m’est si cher que ce qui vient de vous et de votre famille. Je vous recommande votre belle santé, et de conserver votre jeunesse, et pour cause. Je suis fort aise de la goutte de M. de Grignan, j’en ris avec vous[5] : voilà une belle con-

    «  Vous y avez vu M. de Bâville et M. de B. Je crois notre R. le César, et B. le Laridon négligé. »

  1. 22. Frère aîné du comte de Revel. Voyez tome VIII, p. 332 note I7.
  2. 23. Voyez la fable XXIV du livre VIII de la Fontaine. Nous avons déjà vu tome VI, p. 30, une allusion à cette fable.
  3. 24. « Et tous nos amis en conviennent. » (Édition de 1754.)
  4. 25. Cette phrase manque dans l’impression de 1737.
  5. 26. « Je ris avec vous de la goutte de M. de Grignan. » (Édition de 1754.)