Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/247

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crois en effet que si on étoit longtemps dans ce régime,on n’auroit plus mal aux yeux ; je n’ai rien à opposer au récit de cette visite.

Nous avons eu un fort honnête homme, bien du bon esprit, du plus commode, du plus aisé, du plus savant, du plus tout ce qu’on veut, capable et digne de toutes sortes de conversations : il a été ici huit jours ; un de ses beaux-frères, l’abbé de Marbeuf[1], qui ne gâte rien, un autre beau-frère du beau comte de Lis, qui gâteroit tout s’il parloit : c’est un misanthrope intérieur, car son chagrin ne sort point ; il est fort bien fait, et chante comme Beaumaviel, à s’y méprendre. Ce fut, ma chère enfant, la plus simple et la plus plate chose du monde quand notre honnête homme fut parti : nous avons renouvelé la vérité que nous sentîmes en ce pays avec vous sur la bonne et la mauvaise compagnie[2]; nous trouvâmes que la mauvaise étoit incomparablement plus souhaitable : elle fait respirer agréablement, elle rend heureux ceux qu’elle laisse ; et les gens qui plaisent vous laissent comme tombés des nues : on ne sait plus comment reprendre le train de la journée[3] ; enfin c’est un grand malheur que d’avoir des gens raisonnables ; mais ce malheur n’arrive pas souvent.

Vous[4] me demandez des nouvelles de notre députation : nous ne voulons plus y songer. Mme de Chaulnes a parlé deux fois très-bien à M. de Croissi. L’abbé Têtu est poussé par Mme de la Fayette pour faire souvenir le

  1. 3. « Un de ses beaux-frères y est venu, l’abbé de Marbeuf, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 4. Voyez la lettre du 28 juin 1671, tome II, p. 258. Dans l’édition de 1754 : « Quand notre honnête homme fut parti, ce fut la plus simple et la plus plate chose du monde : nous renouvelâmes la vérité que nous avions sentie en ce pays, etc. »
  3. 5. « De sa journée. » (Édition de 1754.)
  4. 6. Cet alinéa tout entier manque dans l’impression de 1737.